Rachat Hachette reprend l'éditeur britannique Hodder Headline C'est un chassé-croisé. Lundi 2 août, le groupe d'Ernest-Antoine Seillière, Wendel Investissement, a annoncé qu'il avait obtenu l'agrément de la Commission européenne pour le rachat d'Editis, vendu par le groupe Lagardère. Le même jour, Hachette Livre, filiale de Lagardère, annonçait l'acquisition du quatrième éditeur britannique, Hodder Headline, vendu par la chaîne de distribution WH Smith, pour un montant de 223 millions de livres sterling (337,8 millions d'euros). L'agrément de Bruxelles met fin au feuilleton de la vente d'Editis, qui a duré près de deux ans. "C'est une date importante pour Editis, qui a assuré depuis deux ans la gestion de ses activités tout en accompagnant ses actionnaires successifs dans le processus de cession", a indiqué Alain Kouck, PDG d'Editis, qui se réjouit d'"entrer dans une nouvelle phase de développement pérenne, soutenu par un actionnaire ambitieux et de long terme".L'agrément de Bruxelles a quelque peu tardé, en raison notamment de la contestation de la procédure par l'éditrice Odile Jacob, candidate à la reprise d'Editis avec le CIC et le fonds américain Providence. Le projet d'agrément finalisé par la direction de la concurrence a été attentivement étudié par les services de la Commission, indique un expert bruxellois, "face à la menace d'un recours par Odile Jacob". Celle-ci avait attaqué, sans succès, le groupe Lagardère au tribunal de commerce de Paris, en juin.Dans un courrier du 6 juillet, Odile Jacob a mis en garde les services européens. A ses yeux, cette reprise serait susceptible de faire perdurer "une situation de collusion entre Wendel et Lagardère". La Commission, elle, considère que le nouvel Editis peut être un concurrent solide. Odile Jacob, qui s'est refusée à tout commentaire, envisagerait une action devant la Cour de justice de Luxembourg.INQUIÉTUDES CHEZ ÉDITISSi tous les comités d'entreprise d'Editis ont donné leur avis, trois d'entre eux ont émis une opinion défavorable, inquiets notamment du financement de l'opération. Le prix d'Editis est de 660 millions d'euros ; 400 millions sont apportés par un emprunt directement supporté par le groupe d'édition lui-même. On indique chez Wendel que cet endettement n'empêchera pas le développement du groupe et sa volonté de redevenir numéro un en France.En attendant, Lagardère prend de l'avance. En rachetant Hodder Headline, qui a réalisé en 2003 un résultat d'exploitation de 29 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 216 millions, Hachette va doubler son activité outre-Manche, où il possède Orion et Octopus. Hodder Headline est le quatrième éditeur britannique, avec une part de marché de 8 %. Il est présent dans la littérature générale - avec des auteurs comme John Le Carré, James Patterson ou Enid Blyton - et l'éducation. Hachette Livre va afficher un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros - dont 51 % sont réalisés en France, 27 % en Grande-Bretagne, 15 % en Espagne -, loin devant Editis (696 millions d'euros).Après avoir repris Anaya, Larousse, Dunod, Dalloz, Armand Colin, le groupe Lagardère confirme sa stratégie dans le livre. Dans un communiqué, Arnaud Lagardère a déclaré lundi : "Nous réalisons notre ambition de compter parmi les premiers éditeurs en Europe, et nous confortons le développement stratégique de ce métier, qui reste la colonne vertébrale du groupe."
