Accuser Guy Drut à la barre Engagé dans la candidature de Paris aux J.O de 2012, l'ancien champion olympique, accusé d'emploi fictif, comparaît lundi au procès des marchés publics d'Ile-de-France. Guy Drut, ancien ministre des Sports, est arrivé lundi après-midi au tribunal correctionnel de Paris. Il s'est déclaré "serein", avec "la conscience tranquille". L'épreuve est pourtant rude : il est accusé d'avoir occupé un emploi fictif, entre juin 1990 et février 1993, qui lui aurait rapporté 774 047 F, soit environ 119.000 euros à raison de 20 000 F mensuels, plus une prime de licenciement de 50 000 F. Cinq responsables de la société qui l'a employé, Sicra (ex-CGE, groupe Vivendi), sont également poursuivis dans ce procès emblématique des dérives du financement des partis politiques par les entreprises au début des années 90. Quarante-sept personnes au total sont jugées dans cette affaire, dont une trentaine d'entrepreneurs du bâtiment, des responsables du Conseil régional et des politiques, comme Michel Roussin (RPR), ancien bras droit de Jacques Chirac à la Mairie de Paris. Jacques Froment, secrétaire général de Sicra et rédacteur du contrat de travail de Guy Drut, a attesté du caractère fictif de cet emploi d'attaché de direction, lors de l'instruction. L'ordonnance de renvoi du juge d'instruction précise: "Les responsables de SICRA pensaient que cet emploi leur avait été demandé par la mairie de Paris, sur les sollicitations probables du RPR, et que cette embauche avait été acceptée". Le directeur général de Sicra, Pierre-Michel Chaudru, a expliqué qu'il avait décidé d'embaucher Guy Drut en raison de ses relations, dans l'espoir de développer l'activité de l'entreprise vers les équipements sportifs. Devant le juge, Guy Drut a confirmé que sa mission était de valoriser l'entreprise par l'apport de son nom et de sa notoriété sportive. Il n'a pu cependant apporter aucun élément précis sur la nature exacte des prestations fournies. L'ancien athlète, adjoint au maire de Paris de 1985 à 1989 devrait soutenir devant le tribunal que cet emploi n'était pas fictif. Son avocat explique: "Il exerçait effectivement un travail de relations publiques qui se traduisait par des déjeuners, des cocktails et des mises en relation. Cette affaire n'a rien à voir avec les marchés publics et les accusations de financement politique illégal". Le jugement sera mis en délibéré, probablement à la rentrée. Poursuivi pour "recel d'abus de confiance", Guy Drut risque cinq ans de prison, 375.000 euros d'amende et une peine d'inéligibilité.