Mort de Gustave Choquet

Mort Gustave Choquet, mathématicien Le mathématicien Gustave Choquet, spécialiste de la théorie du potentiel, est mort, mardi 14 novembre. Il était âgé de 91 ans. Né le 1er mars 1915 à Solesmes (Nord), Gustave Choquet était ancien élève de l'Ecole normale supérieure (1936-1938). Après avoir passé l'agrégation de mathématiques en 1937, il profite de l'attribution successive de deux bourses d'études - l'une américaine, la Jane Eliza Proctor de Princeton (1938-1939), et l'autre, française, du CNRS (1941-1946) - avant de compléter, en 1946, son cursus par un doctorat de mathématiques obtenu à Paris. C'est alors qu'il devient professeur à l'Institut français de Pologne (1946-1947) avant de rejoindre l'université de Grenoble (1947-1949) où il est maître de conférences. Plus tard, il est recruté par la faculté des sciences de Paris avant de devenir professeur, poste qu'il occupera jusqu'en 1984. Entre-temps, il assure, entre 1960 et 1969, l'enseignement des mathématiques à l'Ecole polytechnique. Ancien professeur émérite de l'université Paris-Sud, Gustave Choquet s'est illustré dans des domaines des mathématiques aussi divers que la topologie, la théorie de la mesure, l'étude différentielle des ensembles, la théorie du potentiel et l'analyse fonctionnelle. Toutes recherches en relation avec le monde de la physique et qui, selon lui, avaient en commun "une vision directe et géométrique des problèmes". Respecté de ses pairs, Gustave Choquet fut un ardent défenseur de sa discipline, mais aussi un de ses premiers critiques. Notamment en ce qui concerne les bourbakistes - pseudonyme donné à une poignée de mathématiciens qui rédigèrent un traité de mathématique propre à redonner son lustre à un secteur décimé par la guerre. "La plupart des mathématiciens de ma génération, disait-il, ont acquis une bonne partie de leur culture mathématique grâce à Bourbaki ; leur style et leurs oeuvres en ont été influencés ; ils en ont pris en partie les qualités et les défauts. (...) Les définitions et les théorèmes sont assénés sans justification et sans présentation heuristique ; ils ont la sécheresse et le dépouillement d'un squelette dont la chair, pourtant savoureuse, est rejetée dans les exercices ; le lecteur qui les néglige finit, regrettait-il, par acquérir une vision caricaturale de l'activité mathématique." Etre simple et efficace, privilégier l'expérimentation du concret plutôt que "l'importance de la rigueur et de la limpidité du cours professoral". Tel était le credo de Gustave Choquet qui martelait qu'"un enseignement scientifique trop épuré ne (méritait) plus, en fait, le nom d'enseignement". C'est de là que datent ses actions en faveur de l'enseignement des mathématiques au collège et au lycée ainsi que la rédaction, en 1964, d'un livre, L'Enseignement de la géométrie, qui se voulait une référence sur la manière de transmettre cette discipline en faisant appel à "l'observation". Titulaire de nombreux prix - Boullevigne (1945), Dickson (1951), Carrière (1956), Grand Prix des sciences mathématiques (1968) - et professeur invité de nombreuses universités américaines, britanniques et australiennes, Gustave Choquet, était membre de l'Académie des sciences depuis 1976.