Mort de Guillermo Cabrera Infante
Mort Guillermo Cabrera Infante, l'une des figures de proue de la littérature cubaine, est mort "Trois tristes tigres", roman sur la vie nocturne de La Havane d'avant Fidel Castro, l'avait révélé au grand public.L'écrivain cubain Guillermo Cabrera Infante est mort, lundi 21 février à Londres, où il vivait en exil depuis quarante ans. Chef de file de la littérature latino-américaine, il était aussi un critique ardent du régime de Fidel Castro.Le romancier, qui était âgé de 75 ans, a succombé à un staphylocoque contracté lors d'une hospitalisation la semaine dernière après une chute, a indiqué son épouse, Miriam Gomez. "Il est mort loin de son pays, mais libre de tout maître", a-t-elle dit. "Il transportait Cuba en lui, mais son Cuba n'existe plus", a-t-elle ajouté.Jeune auteur et critique de cinéma, Cabrera Infante rallie la révolution de 1959 contre la dictature de Fulgencio Batista. Après avoir collaboré au quotidien Revolucion, il avait été nommé attaché culturel de Cuba à Bruxelles. L'écrivain prend ses distances avec le régime, puis rompt définitivement le castrisme en 1965. Il s'exile d'abord en Espagne, puis s'installe en Grande-Bretagne."UNE RÉVOLUTION DANS LA LITTÉRATURE HISPANIQUE"Guillermo Cabrera Infante est notamment l'auteur de Trois tristes tigres, paru en 1967. Il y recrée, dans une langue novatrice, l'univers des cabarets et de la vie nocturne à La Havane avant la révolution castriste, lorsque le crime organisé régnait sur les boîtes de nuit. Ce roman, comparé à Ulysse de James Joyce, prix du meilleur livre étranger en France en 1970, est présenté comme l'un des textes fondateurs du "boom littéraire latino-américain". "Trois tristes tigres fut une révolution dans la littérature hispanique, il créait une langue originale et unique qui était caribéenne et cubaine", notait le journaliste Carlos Franqui, intellectuel cubain également en exil.En Espagne et en Grande-Bretagne, il continue d'écrire une série d'essais sur son île et de recueils empreints de nostalgie, dont La Havane pour une infante défunt (1979), Mea Cuba (1993), ou Coupable d'avoir dansé le cha-cha-cha. "Dans quels autres pays au monde y a-t-il une province appelée Matanzas (Massacres) ?", écrivait-il dans Premières lueurs du jour sous les tropiques, un recueil de scènes et de portraits paru en 1974.Son travail a été maintes fois récompensé ; en 1997, il se voit notamment décerner le prix Cervantès, la plus prestigieuse distinction de la littérature hispanique.