Mort de Guennadi Aïgui

Mort Guennadi Aïgui, poète russe d'origine tchouvache Le poète russe d'origine tchouvache Guennadi Aïgui est mort à l'âge de 71 ans, mardi 21 février, à Moscou. Né le 21 août 1934 à Chaïmourzino, dans la République populaire de Tchouvachie, sur la rive droite de la Volga, dans une famille d'instituteurs, Guennadi Aïgui était l'une des figures les plus marquantes de la poésie russe d'avant-garde qui jouissait d'une ample reconnaissance internationale. C'est en tchouvache - langue de la famille ouralienne, comme le hongrois ou le finnois - qu'il écrit ses premiers poèmes, en 1949. Dans les années 1950, alors qu'il effectue ses études à l'Institut Maxime-Gorki de Moscou, il rencontre Boris Pasternak (1890-1960), qui le pousse à écrire en russe. Son premier lecteur sera l'homme de lettres turc Nazim Hikmet (1962-1963). Pasternak, l'initie également à la poésie française, à Baudelaire en particulier, qu'il vénérait. Il apprend notre langue - il publiera en 1968 une importante anthologie de la poésie française - et entretient de la correspondance avec René Char (1907-1988) et Henri Michaux (1899-1904). La poésie d'Aïgui se situe dans la lignée du futurisme du mathématicien, poète et linguiste de Velimir Khlebnikov (1885-1922) et manifeste une grande inventivité formelle et rythmique. Elle n'était guère appréciée par les autorités culturelles et politiques soviétiques. A partir de 1956, il entre dans ce qu'il nomme la "résistance spirituelle". Plus tard, Aïgui écrira : "La poésie n'a ni flux, ni reflux. Elle est, elle demeure. La privant d'efficience "sociale", il est impossible de la dépouiller de son autonomie, de sa profondeur, de sa plénitude humaine, vitale." Le metteur en scène Antoine Vitez (1930-1990), qui était son ami, l'appelait "le Mallarmé de la Volga" et l'écrivain Jacques Roubaud disait qu'il était "la voix sans doute la plus originale de la poésie russe contemporaine". En France, plusieurs titres de Guennadi Aïgui ont été traduits (dont le très beau Cahier de Véronique, Le Nouveau Commerce, 1984), grâce surtout au traducteur Léon Robel, à qui l'on doit également un volume de la collection "Poètes d'aujourd'hui", chez Seghers, en 1993. C'est également Léon Robel qui traduisit un volume d'essais, Conversations à distance, chez Circé, en 1994.