Grève Grève à la SNCF : Villepin confronté à son premier conflit social La grève à la SNCF, avec d'importantes perturbations enregistrées sur toute la France jeudi matin, ouvre le premier dossier social de l'après-référendum avec, à la clé, les problèmes de l'emploi, des salaires, du service minimum, du service public et de l'avenir même de l'entreprise ferroviaire. Le préavis de quatre des huit syndicats de cheminots - CGT, SUD-Rail, FO et CFE-CGC, totalisant près de 70 % de représentativité - court de mercredi 20 heures jusque vendredi 8 heures. La SNCF table sur la circulation de 60 % des TGV, de 35 % des Corail sur le réseau national et sur un trafic de 25 % à 50 % sur les lignes de la banlieue parisienne. Seuls les trains internationaux connaissent un "service normal" avec toutefois "quelques adaptations" pour l'Eurostar Paris-Londres et le Thalys Paris-Bruxelles. "Les organisations syndicales engagées dans la grève jeudi sont certes moins nombreuses que lors des précédents mouvements, mais il existe un réel mécontentement chez les cheminots et je pense que nous atteindrons une mobilisation quasi identique" à celle des précédents mouvements, a déclaré Rémy Abgrall, délégué SUD-Rail. Selon le syndicaliste, "les cheminots sont en phase avec le message citoyen pour la défense du service public émis dimanche par une majorité de Français", a-t-il affirmé ajoutant que SUD "avait demandé au président [Louis] Gallois, l'ouverture d'une négociation globale sur le ferroviaire". SUD-Rail a déposé un préavis de grève "reconductible dès jeudi soir à l'issue d'assemblées générales", a souligné M. Abgrall. Pour le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste, "2005 est une année charnière pour l'avenir du service public ferroviaire et le résultat du référendum constitue un point d'appui supplémentaire pour le rejet des politiques libérales dans le secteur ferroviaire". SALAIRES ET EMPLOI Emploi et salaires sont aussi au centre des revendications des cheminots, la proposition de 1 % d'augmentation en 2005, formulée en février par la SNCF, étant jugée insuffisante par les syndicats. Depuis, le président Gallois a annoncé une table ronde, le 4 juillet, précédée de réunions bilatérales qui débuteront le 6 juin, pour rechercher un accord salarial et aller au-delà de ces 1 %. "Les salaires sont au cœur de la préoccupation de l'encadrement, notamment après la fin de non-recevoir de la direction à notre proposition d'une augmentation générale de 2 %", a déclaré Gérard Blanc, président de la CFE-CGC qui, pour la première fois en 2005, participera à la grève. En matière d'emplois, le président de la SNCF a annoncé, lundi, "500 embauches supplémentaires" pour 2005, mais ce chiffre a été qualifié de "dérisoire" par FO-cheminots et contesté par SUD-Rail qui évoque les "405 suppressions [d'emplois] de plus que prévu réalisées en 2004". Après le conflit du 19 janvier (7 fédérations syndicales sur 8) contre le budget 2005, ceux du 3 mars à l'appel de la seule Fgaac (agents de conduite autonomes) et du 10 mars (CGT, SUD-Rail, CFDT, FO et CFTC) il s'agit du quatrième mouvement national à la SNCF en 2005. A noter deux autres mouvement de grèves en ce début d'année : fin janvier un conflit "spontané" en réaction au viol d'une contrôleuse dans la région de Cahors, et fin mars (23 au 26 mars) en région parisienne et toulousaine à l'appel de CGT, SUD-Rail, FO et Fgaac. "Quatre jours après un vote où cheminots et usagers ont sans doute choisi le même bulletin", il serait temps de se "réunir pour étudier des formes d'action efficaces" pour la défense des services publics, a indiqué la Fédération des usagers des transports (FUT), mercredi, touchant un point sensible chez les cheminots qui redoutent les effets du vent de libéralisation qui souffle sur le transport ferroviaire européen.