Victoire GOLF Vainqueur en Ecosse de son dixième tournoi majeur à moins de 30 ans «Jamais je n'aurais imaginé, en commençant ma carrière, que je gagnerais dix tournois majeurs avant l'âge de 30 ans !» Faussement surpris, Tiger Woods, alors qu'il savourait à Saint Andrews, dimanche soir, sa deuxième victoire à l'Open britannique ? Sans doute. Surtout quand l'incroyable champion ajoutait dans un sourire : «Habituellement, la meilleure période pour un joueur se situe entre 30 et 40 ans...» Si l'Américain, qui aura 30 ans en décembre prochain, a déjà marqué l'histoire de son sport, le meilleur est très probablement à venir. Ce que titrait d'ailleurs hier le Herald de Glasgow. Pour atteindre une telle domination, Tiger Woods a commencé à taquiner la petite balle blanche dès l'âge de six mois. Il fut tout bonnement programmé pour gagner par son père, Earl, actuellement en train de lutter contre un cancer. «Vous savez tous combien je suis proche de mon papa, c'est pourquoi je lui dédie ma victoire. Si j'ai été assez fort pour gagner une nouvelle fois, j'espère que cela le motivera encore un peu plus pour se battre contre la maladie», glissait le héros. En bon fils, Tiger Woods ne perd jamais une occasion de souligner ce qu'il doit à son père. Earl Woods n'a jamais cessé de croire en son rejeton. Les succès accumulés par son fils lui donnèrent raison très vite. Tiger le précoce remporta à peu près tous les tournois juniors, avant de dominer outrageusement le circuit amateur. Et, en 1997, à 21 ans, il devint le plus jeune vainqueur d'un tournoi du Grand Chelem en gagnant le Masters après seulement une année passée chez les professionnels. Plus jeune joueur à remporter un million de dollars, puis deux millions... Premier champion à empocher 50 millions de gains en tournois, record atteint cette année. Rien ne résiste au félin des greens. Tiger Woods affole tous les records. Même les surréalistes dix-huit succès en majeurs de son compatriote de 65 ans, Jack Nicklaus, ne semblent pas hors de portée du «Gros Chat». Woods est déjà, désormais, le plus jeune à avoir remporté au moins deux fois chacun des quatre rendez-vous du Grand Chelem. «Faire aussi bien ou mieux que Jack, c'est l'affaire de toute une carrière. Cela pourrait bien me prendre une vingtaine d'années», expliquait la semaine dernière le numéro un mondial. Certes, mais après qu'il a décroché dix trophées du Grand Chelem en huit ans, tout pourrait s'emballer dans les dix prochaines années. La grande spécificité de Tiger Woods réside dans sa précocité. Son premier rival actuellement, le numéro deux mondial, le Fidjien Vijay Singh, a 41 ans. Il ne devint numéro un pour la première fois que l'an passé, et cela ne dura pas bien longtemps. Les autres meilleurs joueurs de la planète, les Sud-Africains Ernie Els (35 ans) et Retief Goosen (36 ans), ou encore l'Américain Phil Mickelson (35 ans) n'ont également jamais eu la précocité du «Tigre». Et même si Tiger Woods soulignait dimanche que ces quatre champions pouvaient, tout comme lui, «remporter n'importe lequel des plus grands tournois», c'est sur sa capacité à s'imposer régulièrement sur une période très longue, que le quadruple vainqueur du Masters fait, et fera encore longtemps la différence. La différence entre un bon champion et une légende. Tiger Woods semble avoir pris une avance que personne ne peut rattraper. Au sommet avant tout les autres, y compris Jack Nicklaus, il a accumulé une expérience de la compétition et une maturité dans le jeu qui paraissent inégalables. Surtout qu'à cela s'ajoute une puissance physique affûtée, travaillée, comme jamais aucun golfeur ne l'avait fait avant lui. Rien n'est laissé au hasard. Le tout est couronné par une grande capacité à la remise en question. A la suite de son passage à vide, en 2003 et 2004, il a ainsi modifié son swing, avec son nouvel entraîneur, Hank Haney. Résultat : le voilà de retour avec un swing plus puissant que jamais et deux nouvelles victoires majeures décrochées en quatre mois.«Ce fut une magnifique expérience de tenter de rivaliser avec Tiger», glissait, dimanche, à l'issue du British Open, Colin Montgomerie (42 ans) qui n'a toujours pas remporté un majeur. L'Ecossais terminait pour la troisième fois, en deuxième position d'un Grand Chelem. Reste à savoir quand un joueur sera capable de rivaliser sérieusement avec Tiger Woods. Dans quelques années ? Mais qui ? Existe-t-il déjà ? Si c'est le cas, souhaitons qu'il arrive au plus haut niveau bientôt. Rien ne serait plus palpitant qu'un éventuel combat de titans. Mais pour l'heure, Tiger Woods règne seul.
