Annonce Goleo, la mascotte du Mondial, est "out"Les natures pessimistes y verront plus qu'un symbole. Lorsque la mascotte d'un événement international comme la Coupe du monde de football se vend mal au point de forcer son fabricant à déposer le bilan, cela pourrait être de mauvais augure. Cet animal-là n'est pourtant pas un oiseau, mais un lion en peluche fauve à l'air étrange. Goleo VI, son petit nom officiel, est campé sur ses pattes de derrière, comme un humain qui serait doté d'un long cou surmonté d'une tête auréolée d'une crinière. Certains lui trouvent plutôt un air de lama. Bref, le pauvre Goleo n'a jamais réellement convaincu, à commencer par les Allemands, les hôtes de ladite compétition, qui aura lieu du 9 juin au 9 juillet.Mais de là à mettre à genoux l'entreprise bavaroise qui fabrique cet objet, il y a un pas que peu d'amateurs de football auraient franchi. Pourtant, Nici a dû se résigner à déposer son bilan le 16 mai. Pour un montant estimé à 28 millions d'euros, la firme d'Altenkunstadt, près de Bayreuth, avait racheté les droits exclusifs pour la production et l'exploitation de la mascottel.Goleo, dessiné par Jim Henson Company, le fabricant des célèbres poupées du Muppet Show, l'émission télévisée britannique, avait pourtant deux parrains prestigieux. Le Brésilien Pelé et l'Allemand Franz Beckenbauer, deux des plus grands joueurs de l'histoire du football, avaient assisté à la présentation officielle du lion en peluche à la presse internationale, à la fin de 2005. Sur son curriculum vitae, concocté par la Fédération internationale de football (FIFA), on y découvrait l'étymologie de son nom : le papa de la peluche aurait encouragé son fils en criant "Go, Leo, Go !"...L'intéressé - décliné sous de nombreuses formes, du porte-clés à la peluche géante à 200 euros - n'est pas allé bien loin. Produit en Asie pour réduire les coûts, il n'a manifestement pas trouvé son public. Les sarcasmes n'ont pas tardé à fuser à propos de sa tenue. Goleo porte le maillot blanc de l'équipe nationale d'Allemagne et des chaussures noires. Mais il ne porte pas de short. Certains médias s'étaient également interrogés sur le choix du lion pour représenter le pays organisateur. "L'aigle, symbole traditionnel de l'Allemagne, aurait été plus logique, mais il est encore trop marqué par l'histoire pour pouvoir être retenu", expliquait en 2005 un porte-parole de la FIFA. En 1974, lorsque ce pays avait déjà accueilli la Coupe du monde, la difficulté avait été contournée. Les mascottes, Tip et Tap, étaient deux garçonnets à la mine espiègle.Le fabricant de peluches s'est refusé à préciser le nombre de Goleo vendus à travers le monde. De même est-il resté discret sur l'état réel de ses finances. Des irrégularités pourraient cependant avoir été commises. Une plainte a été ouverte pour "falsification de compte". Mais l'entreprise familiale, qui emploie plus de 550 salariés, poursuit son activité, sur décision de l'administrateur judiciaire chargé du dossier.Ce dossier, moins d'un mois avant le coup d'envoi de la compétition, résonne comme un retour à la réalité pour les Allemands. Le Mondial n'est pas forcément une bonne affaire pour tout le monde. Le récent rapport d'un institut de prévision économique est venu relativiser l'impact économique de l'événement pour le pays. L'Institut allemand de recherche économique (DIW) ne prévoit pas d'effets directs sur la conjoncture.Certes, les ventes d'appareils de télévision et d'articles de sport devraient encore augmenter. Mais il ne faut pas compter sur une hausse générale de la consommation. De même ne faut-il pas surestimer l'importance du tourisme étranger durant le Mondial, selon le DIW. Les supporteurs prendront juste la place d'autres touristes qui seraient venus si la Coupe n'avait pas été organisée outre-Rhin. Les hôtels de Berlin, eux, s'inquiètent. Nombre de leurs chambres sont encore disponibles pour cet été.
