Mort de Gladys Marin
Mort Gladys Marin, la "pasionaria chilienne" La présidente du parti communiste chilien, Gladys Marin, est morte à Santiago du Chili, dimanche 6 mars, d'un cancer du cerveau. Elle était âgée de 63 ans.Le gouvernement a décrété un deuil national de 48 heures. Après avoir été veillée dans l'ancien siège du Parlement, à Santiago, la "pasionaria chilienne" devait être inhumée le 8 mars, Journée internationale des femmes. Institutrice d'origine modeste engagée dans le syndicalisme enseignant, Gladys Marin est née à Curepto, le 16 juillet 1941. Elle a adhéré à la Jeunesse catholique, avant d'intégrer les Jeunesses communistes (1958). Elue députée du PC à 23 ans (1965), elle se fait réélire deux fois de suite (1969 et 1973).Le coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973 l'oblige à se réfugier à l'ambassade des Pays-Bas, d'où elle partira ensuite pour Moscou. Son mari, Jorge Muñoz, avec lequel elle a eu deux enfants, est disparu avec une dizaine de dirigeants communistes en 1976. Deux ans plus tard, elle se rend au Chili avec un faux passeport.Le Parti communiste avait été une force disciplinée et modérée de l'Unité populaire, l'union de la gauche présidée par le socialiste Salvador Allende. Condamné à la clandestinité par la dictature, le PC opère un changement de cap, alors que les militaires ont démantelé le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR).Gladys Marin participe à la réunion tripartite organisée, en 1983, à La Havane, qui rassemble les Chiliens ayant reçu une formation militaire à Cuba, les leaders historiques du parti exilés à Moscou et la direction clandestine du PC au Chili. Dès le mois de décembre, le Front patriotique de Manuel Rodriguez lance une série d'attentats, suscitant une répression accrue.Les communistes s'isolent ainsi de la résistance civique, qui réussit à remporter le plébiscite de 1988 contre Augusto Pinochet. Sans faire d'autocritique, le PC reste à l'écart de la Concentration démocratique, regroupant socialistes et démocrates-chrétiens pendant la transition et depuis le retour à la démocratie (1990). A en croire Gladys Marin, la coalition gouvernementale de centre-gauche "ne fait pas autre chose que de gérer le modèle politique, économique et social imposé par la dictature".Ses positions sont cohérentes avec son appréciation de la nouvelle donne internationale. "Lorsque le mur de Berlin est tombé, rien ne s'est écroulé en moi, les idées restent", dit-elle. "On peut dire ce qu'on voudra de Fidel Castro, sauf qu'il est un dictateur", affirme-t-elle. Signe de la marginalisation de son parti, elle obtient 3,21 % des voix à l'élection présidentielle de 1999.Volodia Teitelboim lui laisse la place de secrétaire général en 1994. Le 12 janvier 1998, Gladys Marin présente la première plainte en justice contre Augusto Pinochet, pour génocide, séquestration, association illicite et inhumation illégale. A propos de l'ancien dictateur, elle confia : "Je voudrais qu'il endure toutes les rigueurs subies par nos détenus disparus."Le président socialiste Ricardo Lagos, qu'elle qualifia de "néolibéral", "éloigné de la gauche réelle", a déclaré : "En dépit des différences politiques, Gladys Marin incarna les meilleurs idéaux du Chili."Ricardo Lagos et les autres personnalités présentes à la veillée funèbre ont chanté ensemble L'Internationale.