Annonce Giuliana Sgrena: «Aidez-moi, faites quelque chose pour moi»Poignant appel de la journaliste italienne enlevée en Irak le 4 février dans une vidéo enregistrée par ses ravisseurs • L'envoyée spéciale du quotidien «Il manifesto» demande le retrait des troupes italiennes • «Retirez-vous d'Irak, ce peuple ne doit plus souffrir! C'est l'unique moyen de me sauver la vie». Mercredi matin, l'agence de presse Associated press basée à Rome a reçu une cassette vidéo sur laquelle la journaliste italienne Giuliana Sgrena, enlevée le 4 février dernier à Bagdad, demande en larmes le retrait des troupes italiennes d'Irak. Dans le film qui dure plusieurs minutes, la journaliste du quotidien «Il Manifesto» s'adresse, en italien puis en français, notamment à son compagnon, Piero Scolari, et lui lance un poignant: «Aidez-moi, faites quelque chose pour moi, Piero fais quelque chose, mon espérance repose sur toi». L'envoyée spéciale d'Il Manifesto apparaît extrêmement éprouvée par sa détention. Vêtue d'un large corsage vert, les cheveux en bataille et les mains jointes comme dans une supplique, elle affirme encore: «Le peuple italien peut m'aider».Giuliana Sgrena, 56 ans, a été enlevée il y a deux semaines en plein centre de Bagdad par des hommes armés. Elle travaille depuis 1988 pour le quotidien fondé par des intellectuels ayant quitté le parti communiste, dont la ligne est hostile à l'intervention américaine en Irak, ainsi qu'à la présence de troupes italiennes dans ce pays alors que Rome a envoyé un contingent de quelque 3.000 hommes cantonnés dans le sud de l'Irak. Silvio Berlusconi, le chef du gouvernement italien, avait immédiatement affirmé que «la machine des tractations était lancée» pour obtenir la libération de Sgrena, ajoutant que «tout ce qui pouvait être fait était déjà en cours».Deux groupes islamistes dont l'Organisation du Djihad, qui avait déjà affirmé en septembre 2004 avoir exécuté deux autres Italiennes, Simona Torretta et Simona Pari, toutes deux travailleuses humanitaires, ont revendiqué le rapt de Giuliana Sgrena. Les deux Simona avaient été libérées quelques jours après la fausse annonce de leur assassinat. Une rançon aurait été payée par le gouvernement italien pour leur libération. Or dimanche dernier, Gianfranco Fini, le chef de la diplomatie italienne évoquant le cas Sgrena a affirmé que son gouvernement n'était pas disposé à «passer un accord avec les criminels». Depuis quelques jours, pourtant, un «optimisme prudent» régnait dans la capitale italienne quant au sort de la journaliste. «Nous nourrissons à l'heure actuelle un optimisme prudent», avait ainsi déclaré Francesco Paterno, directeur éditorial du journal «Il Manifesto» avant de poursuivre: «Il semble que le lieu où elle est détenue ait été identifié et maintenant il ne nous reste qu'à patienter».Libération est par ailleurs sans nouvelles de son envoyée spéciale en Irak Florence Aubenas et de son fixeur Hussein Hanoun
