Manifestation Gigantesque manifestation à Beyrouth contre le gouvernement libanaisUne immense foule de manifestants s'est rassemblée dimanche 10 décembre après-midi dans le centre de Beyrouth, au milieu d'une forêt de drapeaux libanais et aux cris de "Siniora dehors", en allusion au chef du gouvernement. Un porte-parole de l'armée a fait état d'une marée humaine "sans précédent" , composée de "centaines de milliers" de personnes. Des responsables de l'opposition, emmenée par le mouvement chiite Hezbollah, ont avancé le chiffre de deux millions de manifestants, dans un pays qui compte 4,9 millions d'habitants.Les manifestants étaient massés sur les deux grandes places en face du Grand Sérail, le palais gouvernemental où sont installés depuis la fin novembre le premier ministre Fouad Siniora et son équipe, et devant lequel des milliers de partisans de l'opposition campent depuis la grande manifestation du 1er décembre. Outre des milliers de drapeaux libanais, les manifestants arboraient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "le changement arrive" ou "nous voulons être représentés, pas faire de la représentation". Des haut-parleurs géants diffusaient à tue-tête le dernier discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'en prenant au gouvernement. "IL N'Y A PAS DE DIVORCE ENTRE LES LIBANAIS"Des centaines de piétons, de voitures, d'autobus, venus des régions à dominante chiite (banlieue de Beyrouth, sud et est) comme des régions chrétiennes, principalement du Mont-Liban et du nord, ont afflué vers la capitale quadrillée par quelque 20 000 policiers. Ils arboraient des drapeaux jaunes et verts du Hezbollah, de l'autre mouvement chiite, Amal, ainsi que des portraits de leur allié Michel Aoun, le principal leader chrétien. Selon la chaîne télévisée du Hezbollah, Al-Manar,les partisans du général Aoun étaient cette fois-ci "très nombreux".L'opposition, soutenue par Damas et Téhéran, veut faire de cette journée le tournant "historique" de son offensive populaire contre le gouvernement antisyrien, qu'elle accuse d'être aux ordres de Washington. Elle a promis de durcir son mouvement, qui vise à obtenir un gouvernement d'union nationale dans lequel elle aurait un droit de veto. Selon la presse, ces actions pourraient prendre la forme d'un blocage des administrations, de l'aéroport de Beyrouth et de routes principales. Fouad Siniora a déclaré à l'AFP que de telles actions équivaudraient à "une violation du droit à l'expression" , qui "jetterait le pays dans un cycle de violence qui n'est dans l'intérêt de personne". Mais il estimé que l'opposition ne mettrait pas ses menaces à exécution.Le chef du gouvernement, qui a reçu ces derniers jour des marques de soutien répétées de ses alliés occidentaux, a promis dans un discours dimanche que "le régime politique et démocratique" libanais est "capable de faire face à de tels défis (..) sans tomber à nouveau sous tutelle" étrangère. Il a voulu minimiser les divisions, assurant "qu'il n'y a pas de divorce entre les Libanais" et a lancé un nouvel appel au dialogue entre les camps pro et anti-syrien. "Notre main est tendue. Nous ne fermerons aucune porte", a-t-il affirmé. Au même moment, une grande manifestation pro-gouvernementale avait lieu à Tripoli, la ville sunnite du nord du Liban.
