Visite Gerhard Schröder reçoit George W. Bush à Mayence M. Bush poursuit, mercredi 23 février, en Allemagne sa tournée européenne destinée à oublier les divergences du passé pour se tourner vers les défis qui attendent la relation transatlantique, à commencer par l'Iran et l'avenir de l'OTAN. Le chancelier allemand, Gerhard Schröder, reçoit, mercredi 22 février, à Mayence (centre-ouest) le président américain, George W. Bush, pour une visite qui devrait sceller leur réconciliation après deux ans de relations refroidies par leur désaccord sur l'intervention américaine en Irak. Le président des Etats-Unis est attendu dans la matinée à Mayence, où les services de sécurité ont été placés en état d'alerte et où la circulation sera partiellement interdite, pour des entretiens avec le chancelier fédéral allemand. Après cette rencontre, prévue à 11 heures (heure de Paris), George Bush se rendra dans une base militaire américaine à Wiesbaden. Jeudi, il sera à Bratislava, en Slovaquie, pour des entretiens avec Vladimir Poutine. "Nous avons besoin, Allemands et Européens, d'une communauté de vues avec les Etats-Unis. En sens inverse, les Américains ont besoin des Européens comme plus proche allié", a plaidé le chancelier social-démocrate dans une tribune au quotidien populaire Bild, dans laquelle il fait allusion à son projet pour revitaliser le partenariat transatlantique. Venant de Bruxelles, George W. Bush a choisi cette ville rhénane, cœur d'une région d'Europe où est stationné le plus grand nombre de troupes américaines du continent, dont certaines ont combattu en Irak. DISPOSITIF DE SÉCURITÉ SANS PRÉCÉDENT Un entretien et un déjeuner de travail sont prévus. La ville sera coupée du monde par un dispositif de sécurité sans précédent, fleuve (le Rhin), rivières, ponts, autoroutes et espace aérien étant partiellement ou totalement coupés. Le président rendra visite à des soldats américains avant de quitter l'Allemagne pour Bratislava, capitale de la Slovaquie. George W. Bush renoue ainsi avec une tradition : il y a seize ans à Mayence, quelques mois avant la chute du mur de Berlin, a rappelé le chancelier, "le père du président actuel avait dessiné la vision d'une Europe unie, libre et forte, fondée sur des valeurs communes. Cette vision est aujourd'hui réalité, l'Union européenne est l'histoire politique à succès du présent". Les trois premiers jours de sa visite en Europe, son premier déplacement à l'étranger depuis son investiture pour un second mandat à la Maison blanche, ont été largement consacrés à chanter les louanges d'une relation rénovée de part et d'autre de l'océan Atlantique. Mardi à Bruxelles, l'Union européenne et les Etats-Unis ont ostensiblement tourné la page de la guerre en Irak. "L'Europe et les Etats-Unis se sont reconnectés", a résumé le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, lors d'une conférence de presse commune. "Le dossier majeur qui a irrité beaucoup d'Européens était l'Irak", a reconnu le président américain. "Je comprends cela. L'important maintenant est de mettre cela derrière nous et de nous concentrer sur l'aide aux nouvelles démocraties." Le vibrant plaidoyer de George Bush pour une "Europe forte" alliée des Etats-Unis contrastait avec les tentatives ouvertes de sa première administration de diviser la "nouvelle Europe" favorable à l'intervention et la "vieille Europe" pacifiste. LA QUESTION IRANIENNE Autre dossier au menu des discussions germano-américaines, l'Iran, accusé par Washington de chercher à se doter de l'arme atomique sous le couvert d'un programme nucléaire civil. L'Allemagne mène avec la France et la Grande-Bretagne une initiative diplomatique destinée à amener Téhéran à renoncer à ses programmes d'enrichissement de l'uranium en échanges de "mesures incitatives". M. Schröder a ainsi proposé à ce titre de vendre un Airbus à l'Iran afin de l'inciter à faire avancer les discussions sur le nucléaire, l'autorisation des Etats-Unis est nécessaire, les Airbus étant équipés de moteurs américains. A Bruxelles, George Bush a salué les efforts de la "troïka" européenne et rejeté "l'idée ridicule" selon laquelle les Etats-Unis se prépareraient à attaquer préventivement l'Iran, même si, a-t-il ajouté, "toutes les options sont sur la table". Dans un entretien accordé, mardi 22 février, à la chane de télévision allemande ZDF, le chancelier a estimé que les dirigeants européens avaient reçu "des explications claires de la part du président américain sur sa volonté de trouver une solution diplomatique" pour l'Iran. Pour l'Irak, Berlin, formant déjà des forces de sécurité en dehors du pays mais refusant l'envoi de troupes, pourrait proposer ses compétences pour la reconstruction de l'administration. Au menu, figurent le Proche-Orient, l'Afghanistan, la Russie, la candidature allemande au Conseil de sécurité de l'ONU et le redéploiement des forces américaines en Europe. Parmi les divergences possibles, les désaccords américano-européens à propos de l'embargo européen sur les armes à la Chine et le protocole de Kyoto contre le réchauffement climatique, qui n'a pas été ratifié par les Etats-Unis.