Mort de Gerard Reve
Mort Gerard Reve, romancier néerlandaisLe romancier néerlandais Gerard Reve est mort à 82 ans, samedi 8 avril, dans une maison de repos en Belgique. Il était atteint depuis de nombreuses années de la maladie d'Alzheimer.Il s'était fait connaître dès 1947 avec De Avonden, Les Soirs (traduit en France chez Gallimard en 1970, et publié sous son vrai nom, Gerard Kornelis Van Het Reve) : ce portrait d'un employé de bureau sans idéal est considéré comme un classique de la littérature néerlandaise.Commencée en prison, où il purgea - avant d'être amnistié - une peine pour avoir, par pacifisme, favorisé l'évasion d'un prisonnier de guerre, sa carrière exceptionnellement longue fut jalonnée par plusieurs coups de théâtre. Né le 14 décembre 1923 à Amsterdam, cet aristocrate amoureux de la France, où il séjourna souvent, fut, durant une période, communiste et il exerça toutes sortes de métier : débardeur, maître d'hôtel, infirmier, bûcheron.Sa conversion au catholicisme en 1967 fut accueillie comme un véritable scandale dans la communauté littéraire néerlandaise et sa façon très libre de concevoir le catholicisme et l'interprétation des textes sacrés lui valut une farouche hostilité des bien-pensants de tous bords.Par ailleurs, il s'ouvrit très directement de son homosexualité dans ses romans, entremêlant de manière provocante l'exaltation mystique et la sensualité, sur un ton lyrique qui l'apparente, aux yeux de certains, à Jean Genet. Mais c'est à vrai dire plutôt à la famille de Thomas Bernhard et d'Elfriede Jelinek qu'appartenait ce romancier, dont l'oeuvre autobiographique trahit les obsessions sexuelles, tour à tour provocantes et culpabilisées.Ses ouvrages parus dans les années 1960 (encore inédits en français) En route vers la fin et Plus près de toi suscitèrent de très vives réactions : procès et harcèlements téléphoniques. Dans Parents soucieux (paru chez Gallimard en 1995, en même temps que, dans la "Noire", un roman policier, Le Quatrième Homme, adapté au cinéma par Paul Verhoeven), Gerard Reve se dépeint sous les traits d'un poète gay, catholique et alcoolique, Hugo Treger, personnage tourmenté par ses désirs, par sa conception très violente de l'enthousiasme religieux, et par le regard empreint à la fois de morgue et de compassion qu'il jette sur l'humanité.Le ton particulier des livres de Gerard Reve fit que l'on forgea l'adjectif "revistique" pour le caractériser et que lui-même, dans ses romans, le reprit pour qualifier l'état d'esprit de ses propres personnages, c'est-à-dire de ses doubles.C'est dans Mère et fils (paru en 1980 et traduit seulement en 2005 chez Phébus) que le romancier a exprimé avec la plus grande véhémence son éducation, ses fantasmes sexuels et ses élans religieux. "De même que je cherchais Dieu, qui n'appartenait ni au temps, ni à l'espace, ni à la matière, et était par là la seule réalité, de même je cherchais un Amour qui ne pouvait appartenir ni au temps, ni à l'espace, ni à la matière, qui ne connaissait aucun corps réel, mais était par là, tout comme Dieu, la seule réalité. Ma vie amoureuse, condamnable et dépravée aux yeux des gens et souvent aussi des miens, était dans son intensité la plus profonde, une vie de piété."