Mort de Georges Penchenier

Mort Georges Penchenier, journaliste Le journaliste Georges Penchenier est mort à Bayonne, samedi 4 mars, à l'âge de 86 ans. Une belle gueule, l'oeil vif, le rire facile, une totale impavidité, un vrai talent de conteur, Georges Penchenier, que tout le monde appelait Jo, n'était pas seulement un journaliste de la grande tradition. Il était la séduction même. De tels dons prédisposent rarement à une petite vie tranquille et à la souplesse d'échine. Il lui fallait l'aventure, et il l'a souvent rencontrée. Né le 5 octobre 1919, à Bayonne, il avait préparé l'Ecole coloniale avant d'être mobilisé au printemps 1940. D'avoir tenté, au moment de l'armistice, de passer en Angleterre lui avait valu d'être arrêté pour désertion. Libéré, Georges Penchenier réussit à l'automne à gagner l'Afrique, d'où il sera envoyé à Londres faire ses classes de parachutiste. Largué dans le Loiret le dimanche de Pâques 1944, il tombe dans les mains de la Gestapo, dont il réussit à tromper la surveillance deux mois plus tard. Il participe ensuite aux combats pour la libération de Paris. Après la fin de la guerre, Georges Penchenier cherche vainement à prendre la succession de son père, autrefois patron de l'école Berlitz de Prague, où il a connu, quand il était enfant, Hubert Beuve-Méry, alors directeur de l'Institut français et correspondant du Temps dans la capitale tchécoslovaque. C'est ainsi qu'il entre au Monde, dont il devient à son tour le correspondant. Il n'y restera qu'un an, le "coup de Prague" de 1948 lui valant d'être rapidement expulsé. Nommé ensuite à Vienne, puis à Berlin, Penchenier devient grand reporter, ce qui le conduira notamment aux Etats-Unis et en Algérie. En 1956, il participe à l'aventure sans lendemain du Temps de Paris. Il se retrouve ensuite à Europe 1, puis, de 1958 à 1965, sans contrat, à l'ORTF. Il participera dès la première émission, avec une interview d'Adenauer au fameux magazine télévisé de Pierre Lazareff, "Cinq colonnes a la une", qui aura un immense succès. Georges Penchenier devient un spécialiste des points chauds de la planète, ce qui lui vaudra, entre autres, d'être détenu quinze jours par le Vietcong. Mais sa liberté de ton le conduira à être temporairement suspendu, et même licencié. Après un passage à L'Express, il intègre en 1967 RTL, dont il devient rédacteur en chef et grand reporter, et reviendra dans sa chère Prague pour rendre compte au jour le jour de son éphémère "printemps". Il y retournera un an plus tard. Arrêté à son hôtel, il ne sera relâché qu'au bout de quinze jours. Il allait retrouver les colonnes du Monde, en 1968, pour un papier d'anniversaire dans lequel il donnait toute la mesure de son talent.