Accord George W. Bush a signé un accord controversé sur le nucléaire civil avec l'IndeLe président américain a promulgué, lundi 18 décembre, un accord de coopération controversé permettant l'exportation de technologies et de combustible nucléaires civils vers l'Inde. La plus grande démocratie du monde, qui n'a pas signé le traité de non-prolifération et développe un programme nucléaire militaire, était exclue depuis trente ans des échanges internationaux dans le nucléaire civil. Ses besoins croissants en énergie ne sont couverts qu'à 3 % par l'énergie atomique. Une part qu'elle souhaite faire passer à 25 % d'ici à 2050.M. Bush a vanté cet accord en faisant valoir que l'Inde acceptait de placer ses activités nucléaires civiles sous le contrôle international. "En aidant l'Inde à recourir davantage à une énergie nucléaire sûre, cette loi jette les bases d'un nouveau partenariat stratégique entre nos deux pays", a déclaré M. Bush lors de la cérémonie de signature. "PAS DEUX POIDS, DEUX MESURES" Le texte"ouvre aussi la voie pour que l'Inde se joigne à l'effort global pour stopper la propagation d'armes nucléaires", a ajouté George W. Bush, par ailleurs très virulent dans l'opposition aux programmes nucléaires nord-coréen et iranien. Lundi, le principal négociateur américain sur le dossier iranien, Nicholas Burns, a affirmé que les Nations unies prononceraient des sanctions contre Téhéran "dans les prochains jours".M. Burns a assuré que l'accord avec l'Inde n'était pas incompatible avec les efforts de Washington pour empêcher l'Iran de développer son programme nucléaire, bien que Téhéran soit signataire du traité de non-prolifération. "Il ne s'agit pas de deux poids deux mesures", a-t-il assuré.CRITIQUES EN INDE ET EN ASIE Historique, l'accord est critiqué. En Inde, des alliés de gauche du gouvernement et le parti nationaliste Bharatiya Janata Party ont dénoncé des clauses qui dénatureraient l'accord de départ et menaceraient donc le programme nucléaire militaire indien. Ils soulignent que le texte prévoit, par exemple, une suspension de la coopération en cas de nouvel essai nucléaire et ils engagent l'Inde à s'allier aux efforts pour contenir les ambitions iraniennes.A l'international, d'autres soulignent que l'accord est une reconnaissance tacite de l'Inde comme puissance nucléaire, ce qui risque d'alimenter une course à l'armement en Asie. Lundi, le premier ministre indien, Manmohan Singh, a voulu se montrer rassurant, à l'issue de quatre jours de visite à Tokyo. Le Japon s'était ému des ambitions nucléaires indiennes, demandant des garde-fous. M. Singh a rappelé qu'il était prévu que des règles de surveillance spécifiques soient mises en place entre l'Agence internationale de l'énergie atomique et l'Inde. "Le moment venu, je suis sûr que le Japon sera à nos côtés", a assuré le premier ministre indien. Pour ne pas que l'opinion indienne pense qu'il soumet sa souveraineté au bon vouloir américain, il a ajouté : "Notre programme stratégique ne répondra qu'à nos propres décisions et ne sera soumis à aucune surveillance internationale."
