Mort de George Painter

Mort George Painter, spécialiste des incunables Le Britannique George Painter, biographe de Marcel Proust, est mort à Hove, dans le Sussex, jeudi 8 décembre, à l'âge de 91 ans. Né à Birmingham le 5 juin 1914, George Duncan Painter a fait toute sa carrière comme bibliothécaire, spécialiste des incunables et des publications du XVe siècle, au département des imprimés du British Museum où il entra en 1938 et qu'il quitta en 1974. En 1951, l'année même de la mort d'André Gide, George Painter publie une "biographie critique" de l'auteur des Caves du Vatican dans laquelle il exprime une admiration sans réserve pour la personnalité et la doctrine "immortelles" de l'écrivain. Elle sera traduite au Mercure de France en 1968. Mais c'est surtout en tant que biographe de Marcel Proust que George Painter gagna sa notoriété. Le premier volume de son ouvrage, qui portait sur les années de jeunesse de l'écrivain (1871-1903), parut en 1959 et le second, sur les années de maturité (1904-1922), six ans plus tard. Traduite en plusieurs langues, cette biographie connut un grand succès et marqua une date dans les études proustiennes. En France, un conflit avec la famille et les proches de l'écrivain — Marie-Laure de Noailles dénia à cet "Anglais" le droit de parler de Proust et déclara que Painter "devrait être fusillé" — retarda la publication qui devait se faire chez Gallimard. Bien que Painter ne donne pas à l'homosexualité de Proust une importance démesurée, la question était alors délicate à aborder. Finalement, le livre fut traduit par Georges Cattaui et R. P. Vial en deux volumes au Mercure de France en 1966. LEÇON D'HUMILITÉ Sa conception de la biographie littéraire, George Painter l'avait exposée en préface de son Gide : "Ce qu'un écrivain de génie nous propose en premier lieu, ce n'est ni une doctrine (toute doctrine suscite toujours une opposition), ni même un spectacle harmonieux, mais une expérience fondamentale, la sienne. Pour le comprendre, il faut partager par son intermédiaire cette expérience, et pour la critiquer il faut rester à demi immergé dans celle-ci au moment de rédiger cette critique. Aucun critique ne parviendra à saisir les meilleures qualités de Gide s'il n'a pas d'abord renoncé à tout désir de prendre le dessus sur lui." Cette belle leçon d'admiration et d'humilité, il l'appliqua également, peut-être pour en montrer aussi les limites, dans une biographie de Chateaubriand (1977, Gallimard).