Annonce George Bush affirme que "le dégel a commencé" dans les pays du "Grand Moyen-Orient" Le président américain a de nouveau demandé à la Syrie de retirer ses troupes du Liban avant les élections. "Nous attendons le jour où les Iraniens seront libres", a-t-il aussi déclaré.New York de notre correspondante"Pas si vite". C'était le titre retenu par le journal de la chaîne NBC pour son sujet sur le Liban. Après plusieurs jours de manifestations antisyriennes, les téléspectateurs ont été informés, mardi 8 mars, de la présence dans les rues de Beyrouth d'une foule "sept fois plus importante"venue soutenir Damas et portant à l'occasion des banderoles antiaméricaines. Ils ont appris que le Hezbollah, le mouvement qui a "inventé les attentats-suicides", existe toujours, qu'il s'est transformé en parti politique, possède "ses propres chaînes de télévision" mais, surtout, qu'il s'oppose à toute ingérence étrangère.Ce nouvel élément n'a pas été évoqué par George Bush dans le discours qu'il a prononcé à la National Defense University à Washington. Le président américain avait prévu une intervention ambitieuse sur les signes positifs qui proviennent du Moyen-Orient, deux ans après le début de la guerre en Irak. Il s'en est tenu à "l'avancée de l'espoir" dans la région. "Le dégel a commencé", a-t-il lancé. "L'Histoire évolue rapidement et les dirigeants de la région ont des choix importants à faire", a ajouté M. Bush.En privé, ses conseillers ont minimisé l'importance de la manifestation et fait remarquer que la foule ne portait pas des drapeaux syriens, mais libanais. Le père du président, George H. Bush, venu à la Maison Blanche avec Bill Clinton pour faire rapport de la mission qu'il vient d'effectuer dans les pays affectés par le tsunami de décembre 2004, a déclaré que la démonstration de force du Hezbollah était "prévue". L'ancien président démocrate - qui doit subir une nouvelle intervention de chirurgie cardiaque jeudi - a indiqué, de son côté, que les Libanais voulaient "reprendre leur pays" et qu'il serait étonné qu'il n'en aille pas de même pour le Hezbollah. Sur le grand vent de réforme dans la région, M. Clinton a souligné l'impact des élections en Irak mais estimé que l'on négligeait l'exemple des pays comme Dubaï, qui avaient modernisé leur société bien avant.Dans son discours, le président Bush a de nouveau demandé à la Syrie de retirer immédiatement ses forces et ses services secrets du Liban. Il a fixé un délai pour ce retrait, la date des élections, sans quoi il y aurait des doutes sur leur légitimité. "Les Libanais ont le droit de choisir leur propre Parlement ce printemps sans être sous la domination d'une puissance étrangère", a-t-il dit, avant de s'adresser aux Libanais : "Les Américains sont de votre côté." Aucune date précise n'est impartie à Damas."LA TROMPETTE DE LA LIBERTÉ"Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, doit faire un rapport avant le 19 avril sur l'application par les Syriens de la résolution 1559, qui prévoit le retrait du Liban. Les élections sont prévues en mai. Sur CNN, l'ambassadeur syrien aux Etats-Unis, Imad Moustapha, a assuré que le départ serait conclu "bien avant mai".M. Bush a de nouveau expliqué que la ligne de force de la diplomatie américaine avait changé, et qu'il n'était plus question d'accepter le "statu quo" qui permet aux despotes d'être "ignorés ou apaisés". "Des décennies d'accommodements et d'excuses à l'égard de la tyrannie, par souci de stabilité, ont seulement conduit à l'injustice, à l'instabilité et à la tragédie", a-t-il affirmé. Il a appelé l'Iran, comme la Syrie, à cesser d'utiliser le "crime"et le terrorisme comme "instruments politiques". "Nous attendons le jour où les Iraniens seront libres, a-t-il dit. La trompette de la liberté a sonné. Et ce n'est pas une trompette qui sonne la retraite."Le président a passé rapidement sur les négociations menées par les Européens avec Téhéran, pour dire qu'il souhaite "leur succès". La semaine dernière, dans la foulée de son voyage en Europe, nombre de correspondants diplomatiques attachés au département d'Etat avaient cru pouvoir annoncer que Washington allait se joindre aux efforts européens et offrir des avantages à Téhéran, en particulier un feu vert pour une participation iranienne à l'Organisation mondiale du commerce. L'annonce prévue n'a pas eu lieu, les contacts entre Européens et Américains n'ayant pas encore abouti.Corine Lesnes
