Mort de George BestLe
Mort George BestLe footballeur d'Irlande du Nord George Best est mort des suites d'une infection pulmonaire, vendredi 25 novembre, dans un hôpital londonien où il était hospitalisé depuis trois mois. Agé de 59 ans, il était considéré comme le meilleur joueur britannique de tous les temps.L'ancien attaquant vedette du Manchester United et de l'Irlande du Nord était doté de toutes les qualités — de la classe, de l'intelligence, le sens de la surprise — exigées. A travers ce fils d'un ouvrier protestant des chantiers navals de Belfast et d'une manutentionnaire qu'il a vu mourir, minée par l'alcoolisme, se mêlaient le tragique et l'innocence, l'arrogance et le doute, la gentillesse et la violence.Né le 22 mai 1946 à Belfast, repéré à l'âge de 20 ans, par Matt Busby, le manager légendaire de Manchester United, George Best est devenu une star des crampons d'un seul coup. Lors de six saisons magiques avec "Man U", il a aidé le club du Lancashire à remporter deux championnats d'Angleterre, en 1965 et 1967, et la Coupe d'Europe des clubs champions en 1968.LE "CINQUIÈME BEATLES"Surnommé "Bestie" (le meilleur), l'intercepteur et buteur prodige s'affranchissait en grand seigneur du carcan de la tactique. Cet expert du contrôle de longues balles qui pleuvaient en avant, se baladait sur le terrain avant de foncer tête baissée vers la cage adverse. Son bilan est éloquent : 115 buts en 290 matchs entre championnats, coupes et compétitions européennes, de 1960 à 1974. "Il était tout simplement unique. Je n'ai jamais rencontré un tel talent" : un compliment signé Alec Ferguson, l'actuel manager de "Man U".Mais ce fabuleux personnage n'a jamais réussi à canaliser son tempérament excessif. Avec son allure de mauvais garçon et son look pop star — on l'appelait le "cinquième Beatles" —, le noceur invétéré à la vie privée agitée est happé par le "Swinging London", le Londres fou des années 1960, Twiggy, la minijupe et Carnaby Street. Il s'étale souvent à la "une" des tabloïds au bras de starlettes et de nymphettes à la silhouette toujours longiligne.En 1974, son alcoolisme chronique et ses absences lors des entraînements sonnent le glas de sa carrière avec les Red Devils. Il ne s'en remettra jamais comme l'attestent une série de transferts calamiteux avant de terminer sa carrière aux Etats-Unis, en 1981.Par la suite, cet adolescent dans l'âme défraye davantage la chronique des faits divers que les pages sportives des journaux : abus de médicaments, drogue, deux divorces acrimonieux et plusieurs hospitalisations pour des infections dues à l'alcool. Il change, moins frivole, moins brillant, plus dur, plus sombre. Une condamnation à deux mois de prison pour conduite en état d'ivresse prive "Georgie" d'un titre nobiliaire pourtant amplement mérité.En 2002, George Best avait subi une greffe du foie. En dépit des avertissements des médecins, il s'était remis toutefois à boire. Pour résumer son mode de vie, George Best avait eu un mot célèbre : "J'ai dépensé beaucoup d'argent dans la picole, les femmes et les voitures de course. Le reste, je l'ai gaspillé."Marc Roche