Annonce Gazprom exploitera seul le gisement gazier de ChtokmanLe géant gazier russe Gazprom a annoncé, lundi 9 octobre, qu'il exploiterait seul le vaste gisement Chtokman en mer de Barents, sans partenaires étrangers, et assuré qu'il allait livrer en "priorité" le gaz ainsi extrait à l'Europe. "Gazprom a décidé que le développement se ferait sans participation internationale. Et Gazprom en possèdera 100 %", a annoncé le PDG de Gazprom, Alexeï Miller.Cette décision apparaît comme un camouflet infligé aux cinq compagnies internationales que le groupe avait pourtant présélectionnées en 2005. Gazprom devait, en effet, choisir ses partenaires entre les norvégiens Statoil et Norsk Hydro, les américains ConocoPhillips et ChevronTexaco ainsi que le français Total, pour ce projet pharaonique en mer de Barents.Une décision"surtout politique", estiment les analystes aux Etats-Unis, évoquant la volonté de la Russie d'affirmer son pouvoir énergétique. "La Russie veut montrer qu'elle n'a besoin de personne et compte s'affirmer comme une puissance énergétique mondiale", a ainsi commenté Fadel Gheit, analyste chez Oppenheimer. "Moscou sait que si jamais il y avait des interruptions d'approvisionnement au Moyen-Orient, le gaz russe deviendrait extrêmement important", a-t-il renchéri."LA RUSSIE VA DÉCOURAGER TOUT INVESTISSEMENT SUR SON TERRITOIRE"Le géant gazier avait indiqué précédemment qu'il comptait liquéfier une partie du gaz extrait de Chtokman en vue de livraisons par bateau méthanier vers le marché américain. Ce gaz devrait finalement parvenir sur les marchés européens par le gazoduc de la Baltique, rebaptisé Nord Stream, dont Gazprom contrôle 51 %, a précisé M. Miller. En conséquence, "les Etats-Unis vont devoir se tourner davantage à l'avenir vers le Qatar, la Libye ou encore l'Egypte", a souligné M. Gheit. Selon Mike Fitzpatrick, analyste à la maison de courtage Fimat, cette décision pourrait aussi rendre hésitants les investisseurs qui étaient intéressés par la Russie. En prenant cette décision, "la Russie semble vouloir indiquer qu'elle n'est plus un environnement ouvert", a-t-il estimé. Un point de vue partagé par Phil Flynn, d'Alaron Trading : "La Russie va décourager tout investissement sur son territoire." "Alors que les Etats-Unis y voyaient une alternative possible au Moyen-Orient, cela ne sera certainement pas le cas", a-t-il souligné.Selon le PDG de Gazprom, les compagnies occidentales participeront toutefois au projet Chtokman en tant que sous-traitants en apportant la technologie nécessaire à ce projet très complexe en haute mer et en zone arctique.Chtokman est l'un des plus gros champs gaziers au monde avec des réserves estimées à 3 500 milliards de m3.
