Vente Fusion géante dans les télécommunications aux Etats-Unis : ATT rachète BellSouth La compagnie de télécommunications américaine ATT a annoncé, dimanche 5 mars, le rachat de sa concurrente BellSouth pour 67 milliards de dollars (55,7 millards d'euros), donnant naissance à la première entreprise du secteur aux Etats-Unis. Forte d'une capitalisation boursière de 150 milliards de dollars (124,8 milliards d'euros), la nouvelle entité va se placer loin devant sa principale concurrente Verizon (93 milliards de dollars, soit 77,4 milliards d'euros). La transaction a été approuvée par les conseils d'administration des deux entreprises et doit encore recevoir l'accord de leurs actionnaires et des autorités de la concurrence américaine, ont indiqué les deux compagnies, qui entendent finaliser l'opération dans les douze mois. Elles prévoient de réaliser grâce à leur fusion des synergies évaluées à 2 milliards de dollars par an d'ici à 2008 et de 3 milliards par an à partir de 2010, la valeur totale des économies d'échelle étant évaluée à 18 milliards de dollars (15 milliards d'euros), indique un communiqué commun. ATT emploie actuellement 189 000 personnes et BellSouth 63 000. Les deux exploitaient déjà en commun la compagnie de téléphonie mobile Cingular. Les activités d'ATT et de BellSouth dans ce secteur seront consolidées avec celle de Cingular. "Comme ATT et BellSouth ne se font pas directement concurrence sur les marchés des télécommunications locales, longue distance (...) et que BellSouth n'est pas directement en concurrence avec ATT pour les services aux entreprises, la fusion ne va pas réduire la concurrence sur ces marchés", ont affirmé les deux groupes dans un communiqué commun. Selon les termes de la transaction, les actionnaires de BellSouth vont recevoir 1,325 action d'ATT pour chacune des leurs. Sur la base du cours de clôture de l'action ATT vendredi à la Bourse de New York, cela valorise BellSouth à 37,09 dollars par action, soit une surprime de 17,9 % sur son cours de clôture vendredi, et une valeur totale pour la transaction de 67 milliards de dollars. ATT a fusionné l'an dernier avec SBC pour former l'une des deux premières compagnies de télécommunications américaines avec Verizon, qui se retrouve maintenant distancée, la troisième, Sprint-Nextel, affichant une capitalisation boursière de 73 milliards de dollars. MOUVEMENT DE CONSOLIDATION DU SECTEUR L'acquisition de BellSouth renforce la position d'ATT dans le sud des Etats-Unis et lui permet de couvrir une zone allant de la Californie à la Floride, ainsi qu'une large partie du centre et du nord du pays. Verizon est mieux implanté sur la Côte est du pays. Ce partage géographique pourrait favoriser l'obtention d'un feu vert des autorités de la concurrence américaines. L'actuel PDG d'ATT (et précédemment PDG de SBC), Edmund Whitacre, est familier des fusions et acquisitions après avoir successivement absorbé Pacific Telesis, Ameritech et Southern New England, avant de mettre la main en 2005 sur ATT, la plus ancienne des compagnies de télécommunications américaines, pour 16 milliards de dollars. Le secteur des télécoms aux Etats-Unis connaît depuis dix ans une consolidation, après avoir connu un éclatement au début des années 1980 dû à la décision du gouvernement fédéral de démanteler le monopole d'ATT, qui redevient maintenant l'acteur dominant. Pour mieux faire accepter à ses actionnaires l'acquisition de BellSouth, ATT a annoncé dimanche une augmentation de son programme de rachat de ses propres actions : "ATT escompte racheter pour environ 10 milliards de ses propres actions sur les vingt-deux prochains mois, dont 2 milliards de dollars cette année et 8 milliards en 2007." Edmund Whitacre restera PDG de la nouvelle entité qui gardera son siège à San Antonio (Texas), celui de SBC, qui était ensuite devenu celui d'ATT lorsque SBC avait décidé de conserver ce nom pour l'ensemble de ses opérations.