Annonce Funérailles nationales en Italie pour le sauveur de Giuliana Sgrena Marié et père de deux enfants de 13 et 19 ans, l'agent secret italien Nicola Calipari est mort vendredi soir en cherchant à protéger la journaliste Giuliana Sgrena, otage italienne libérée, alors que leur véhicule était pris sous le feu américain à moins d'un kilomètre de l'aéroport de Bagdad. L'Italie enterre lors de funérailles nationales lundi 7 mars dans l'émotion son agent secret tué par des tirs américains alors qu'il rapatriait l'ex-otage et journaliste italienne Giuliana Sgrena après sa libération vendredi à Bagdad.Ultime hommage à Nicola Calipari, 50 ans, que la péninsule considère comme un "héros" et un "martyr" pour avoir sauvé la vie de la journaliste au prix de la sienne, des obsèques nationales seront célébrées à partir de 11 heures à Rome. De nombreuses personnalités du monde politique et militaire, à commencer par le président de la République, Carlo Azeglio Ciampi, prendront place dans l'église Sainte Marie des Anges où aura lieu la cérémonie religieuse, retransmise en direct sur plusieurs chaînes de télévision.L'Italie a commencé dimanche à rendre hommage à l'agent secret. Des milliers de personnes sont venues, sous la pluie, saluer sa dépouille, placée dans une chapelle ardente à l'autel de la patrie, en plein centre de Rome..Marié et père de deux enfants de 13 et 19 ans, Nicola Calipari est mort vendredi soir en cherchant à protéger Giuliana Sgrena alors que leur véhicule était pris sous le feu américain à moins d'un kilomètre de l'aéroport de Bagdad. Les trois autres passagers de la voiture ont été blessés, y compris la journaliste.La promesse faite dimanche par la Maison Blanche de mener une "enquête complète" n'a pas fait taire les polémiques sur la fusillade qui a ravivé des ressentiments de la population italienne contre les Etats-Unis et la guerre en Irak.GIULIANA SGRENA VISÉE ? Giuliana Sgrena a alimenté dimanche le soupçon que la fusillade la visait personnellement, mais les premiers éléments de l'enquête ne permettent pas d'étayer cette thèse. Giuliana Sgrena a déclaré qu'elle pourrait avoir été la cible des soldats américains ayant tiré sur sa voiture et tué M. Calipari."Tout le monde sait que les Américains ne veulent pas de négociations pour la libération des otages : alors je ne vois pas pourquoi je devrais exclure d'avoir été personnellement la cible de leurs tirs", a déclaré la journaliste de gauche, qui a toujours été opposée à la guerre américaine en Irak.Mais les magistrats italiens chargés de l'enquête n'ont pour l'instant recueilli aucun élément permettant de suspecter un guet-apens, ont indiqué dimanche soir des sources judiciaires citées par l'agence Ansa.Le ministre des droits de l'homme irakien Bakhtiar Amin, en visite à Bruxelles, avait récusé une telle hypothèse, se demandant "pourquoi les Américains auraient-ils voulu empêcher la libération d'une journaliste ?".Un responsable de la Maison Blanche a pour sa part affirmé qu'il s'agissait d'un "accident horrible" et promis une "enquête complète". Si la presse italienne accusait dimanche les Américains d'avoir tiré "sans raisons" sur la voiture, elle penchait plutôt pour la thèse d'une bavure."Les Américains n'auraient jamais tué volontairement un agent des services spéciaux italiens", écrivait Il Messaggero en évoquant la mort du responsable des services spéciaux italiens en Irak, Nicola Calipari, tué d'une balle dans la tête en voulant protéger Giuliana Sgrena.Les Etats-Unis, qui ont exprimé leurs regrets, affirment que leurs soldats ont tiré parce que la voiture roulait trop vite et n'avait pas répondu à des sommations, thèse contredite par Giuliana Sgrena.TENSIONS ENTRE ROME ET WASHINGTON La mort de Nicola Calipari et la blessure de Giuliana Sgrena ont provoqué des tensions entre Rome et Washington et risquent, sur le plan intérieur, de mettre dans l'embarras le premier ministre Silvio Berlusconi en relançant l'opposition à la présence de quelque 3 000 militaires italiens en Irak.La chambre des députés doit se prononcer le 14 mars sur le refinancement de la mission italienne en Irak, à laquelle l'opposition est hostile.Mais même un représentant de la majorité, le député Raffaele Costa, appartenant à Forza Italia, la parti de M. Berlusconi, a suggéré qu'une date soit désormais fixée pour la fin de la mission du contingent italien.L'Italie veut toute la vérité sur le drame de Bagdad. Exiger des explications, comme l'ont déjà demandé le gouvernement et le président de la République et obtenir ensuite des excuses et des sanctions éventuelles, "c'est la moindre des choses pour un gouvernement souverain et en même temps un allié loyal", écrit l'éditorialiste du Corriere della Sera.Le vice-premier ministre, Gianfranco Fini, a mis en garde contre une montée de l'antiaméricanisme dans un pays où ont eu lieu des manifestations monstres contre la guerre en Irak mais l'opposition a dans l'ensemble évité de mettre de l'huile sur le feu.Massimo d'Alema, président des Démocrates de gauche, principal parti d'opposition, a ainsi déclaré que si la gauche critiquait la politique des Etats-Unis, "elle n'en était pas pour autant antiaméricaine".
