Cérémonie Frère Roger: obsèques cet après-midi à Taizé La dépouille de frere Roger exposée aux fidèles 10.000 personnes sont attendues aujourd'hui à Taizé pour les funérailles de Frère Roger, poignardé le 16 août Un cardinal doit venir de Rome assister à la cérémonie. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy et le président allemand Horst Köhler y sont attendus. Le fondateur de la communauté oecuménique de Taizé (Saône-et-Loire), qui était âgé de 90 ans, a été tué par une Roumaine de 36 ans qui a été mise en examen et écrouée jeudi pour assassinat. Le corps de Frère Roger a été exposé ces derniers jours afin de recevoir l'hommage des fidèles. La préfecture de Saône-et-Loire a pris des dispositions au niveau de la sécurité et de la circulation pour accueillir jusqu'à 15.000 personnes pour les obsèques, le nombre de participants étant difficile à estimer. 2.500 jeunes débuteront dimanche prochain comme prévu une nouvelle semaine au sein de la communauté. Un millier d'autres, venant des Journées mondiales de la jeunesse de Cologne, en Allemagne, doivent aussi arriver en début de semaine prochaine, a précisé Frère Emile, le porte-parole de la communauté. La Roumaine meurtrière, qui souffre d'un "délire de type paranoïaque", selon une expertise psychiatrique, a été mise en examen jeudi pour assasinat et écrouée. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le drame s'est déroulé en présence de 2.500 jeunes de diverses nationalités lors de la prière du soir en l'Eglise de la Réconciliation. Publié le 23/08 à 11:41 L'agresseur voulait "attirer son attention La femme de nationalité roumaine qui a mortellement blessé le Frère Roger voulait "attirer son attention mais ne voulait pas le tuer" selon ses déclarations, a indiqué mercredi le procureur de  la République de Mâcon. La jeune femme, âgée de 36 ans, avait acheté lundi un couteau à Cluny, près de Taizé, ce qui laisse à penser qu'il y a "peut-être" eu préméditation, a toutefois dit Jean-Louis Coste, lors d'un point-presse. Dans ce cas, et si elle est jugée responsable de ses actes, il y aura  ouverture d'une information judiciaire pour assassinat, a-t-il ajouté. Cette femme, qui se prénomme Luminita, a expliqué aux gendarmes durant sa garde à vue à Tournus, près de Taizé, qu'elle "voulait parler au Frère Roger mais elle n'y est pas arrivée parce qu'il y avait trop de monde", a indiqué M. Coste au palais de justice de Mâcon. "Elle a alors voulu attirer son attention", a-t-il poursuivi, en estimant que "cela paraît un peu court comme explication". "Il y a sûrement, j'imagine, un problème psychiatrique mais, d'après les  premiers examens, elle ne relèverait pas de l'internement psychiatrique. Elle paraît saine d'esprit. C'est pourquoi j'ai demandé un complément d'expertise cet après-midi même", a ajouté le procureur. "Elle ne nie pas avoir agressé Frère Roger", mais a commencé par dire qu'elle "ne voulait pas le tuer", d'après le procureur. Frère Roger et la communauté de Taizé Protestant, diplômé en théologie, Roger Schutz avait consacré sa vie à la réconciliation entre les chrétiens. Il était arrivé à Taizé, un petit village  près de Cluny, en août 1940, à l'âge de 25 ans, avec le projet de fonder une communauté monastique. Frère Roger, qui a reçu le prix Unesco de l'éducation pour la paix en 1988, avait écrit de nombreux ouvrages de prières et de réflexion, invitant toujours les jeunes à la confiance et à l'engagement. En raison de son grand âge, Frère Roger envisageait de quitter ses fonctions de prieur dans le courant de l'année, selon une source proche de la communauté. Ces dernier temps, il était très fatigué et se déplaçait souvent en fauteuil roulant. La communauté de Taizé compte aujourd'hui une centaine de frères de plusieurs confessions chrétiennes et originaires d'une trentaine de pays. Elle accueille chaque année des dizaines de milliers de jeunes pour des temps de partage et de prières. Frère Aloïs succède à Frère Roger C'est un catholique allemand de 51 ans, Frère Aloïs, qui va succéder au Frère Roger à la tête la communauté de Taizé. "Frère Aloïs a été désigné par Frère Roger qui a fait connaitre son choix il y a huit ans. C'était conforme à la règle de la communauté selon laquelle le prieur qui est responsable de notre groupe choisit son successeur", a déclaré le Frère Emile. Frère Aloïs est rentré dans la nuit des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), qui se déroulent à Cologne (Allemagne), où l'annonce du meurtre de Frère Roger a semé la consternation. "Tous les participants aux JMJ prient pour cette grande personnalité", a déclaré le prélat Heiner Koch dans un  communiqué. Réactions - "J'ai reçu une nouvelle très triste, terrible, que le cher Frère Roger, fondateur de la communauté de Taizé, a été frappé à coups de couteau et tué, probablement par une déséquilibrée", a déclaré le pape Benoit XVI lors d'un discours improvisé pendant l'audience générale accordée à Castel Gandolfo, la résidence estivale des papes à proximité de Rome, à la veille de son départ en Allemagne, pour les Journées mondiales de la jeunesse de Cologne. "C'est une nouvelle très triste qui me touche d'autant plus que j'avais reçu justement hier de lui une lettre émouvante dans laquelle il disait qu'il était de tout son coeur avec le pape et tous ceux qui sont à Cologne", a poursuivi le souverain pontife. Selon Benoît XVI, Frère Roger s'est dit "spirituellement présent" aux JMJ de  Cologne auxquelles il ne pensait pas se rendre en raison de ses problèmes de santé. - La Fédération protestante de France a fait part de son "immense tristesse" et a exprimé "sa peine et sa solidarité" à la Communauté. Dans un communiqué de son président, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, la Fédération "dit aussi sa reconnaissance pour l'oeuvre accomplie par Frère Roger et ses compagnons de la première heure qui ont su redonner vie à la dimension monachique masculine au sein du protestantisme et dans une perspective résolument oecuménique". "Mais c'est sans doute l'engagement de plus en plus déterminé au service de la jeunesse qui a marqué l'oeuvre de Taizé sous l'impulsion de Frère Roger",  ajoute-t-il. La Fédération rappelle que "le protestantisme français et la communauté de Taizé n'ont pas toujours su vivre en bonne intelligence", étant "trop proches peut-être l'un de l'autre, faisant des lectures parfois différentes de l'engagement oecuménique".  "Aujourd'hui les relations sont rétablies, la page des incompréhensions tournées, l'attention réciproque renouvelée", affirme le pasteur de Clermont. - En France, l'ancien ministre socialiste Jack Lang s'est dit "bouleversé" et a rendu hommage à celui qui "était par excellence un homme d'amour et de paix". - Le Premier ministre Dominique de Villepin a exprimé sa "profonde émotion". "Frère Roger restera dans nos mémoires une figure marquante de notre histoire religieuse"... "A Taizé, depuis plusieurs dizaines d'années, le mouvement oecuménique a pris sous son impulsion une ampleur dont les effets se mesurent dans le monde entier", a-t-il ajouté. M. de Villepin a assuré "la communauté de Taizé, et tous ceux qui lui sont attachés, de la solidarité du gouvernement dans cette épreuve".  - Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a exprimé son "infinie tristesse" après "l'assassinat de Frère Roger". "Rien ne peut expliquer cet acte atroce et lâche", estime le ministre qui rend hommage à "un homme de paix (...) de foi et de dialogue". "Il avait su établir, au sein de l'Eglise catholique, un échange spirituel avec d'autres Eglises. Il avait su convier des milliers de jeunes, venus des cinq continents vers la colline de Taizé pour s'interroger ensemble, sur le sens de la vie. Nous n'oublierons pas son message", conclut le ministre.