Mort de François Xavier Verschave
Mort François Xavier Verschave est mort, mercredi 29 juin, d'un cancer, dans le sud de la France. Il était âgé de 59 ans.Visage austère, corps d'ascète, catholique fervent originaire de la banlieue lilloise, ce fils d'un journaliste gaulliste et d'une infirmière menait, depuis vingt ans, un combat contre la "Françafrique" , un mot (forgé par d'autres) pour désigner les relations postcoloniales entre la France et ses anciennes possessions en Afrique. Selon François-Xavier Verschave, les compromissions entre une frange de responsables français et de dirigeants du continent noir étaient à la racine des malheurs de nombre de pays d'Afrique occidentale.Sa conviction, il la proclamait haut et fort, usant de toutes les armes à la disposition d'un intellectuel. Il sillonnait la France et animait des réunions publiques, pétitionnait à l'occasion, signait des articles dans tous les journaux qui lui ouvraient leurs colonnes, et fréquentait à l'occasion les plateaux de télévision. Intitulé Lettre d'Afrique et d'ailleurs , le bulletin de l'association Survie, qu'il animait, était un autre de ses outils de dénonciation.Ces dernières années, les livres publiés à un rythme de plus en plus soutenu (un par an en moyenne depuis 1998) étaient devenus l'instrument privilégié pour fustiger la "Françafrique" . Le dernier, un essai collectif (Négrophobie, Ed. Les Arènes) est sorti en librairie il y a quelques jours à peine. Ses ouvrages ont valu à François-Xavier Verschave de se retrouver parfois devant les tribunaux. Ce fut le cas avec Noir silence (Les Arènes, 2000), un pamphlet contre les "satrapes" de la "Françafrique" .Trois chefs d'Etat africains (ceux du Tchad, du Gabon, et du Congo) l'attaquèrent devant les tribunaux français pour "offense envers un chef de l'Etat" . A l'étonnement de l'auteur de Noir silence , le tribunal de Paris les débouta de leurs poursuites en avril 2001, jugement confirmé par la cour d'appel l'année suivante.Il fut aussi l'un des artisans de la campagne dénonçant le rôle joué par la France dans le génocide de 1994 au Rwanda.MILITANT PLUTÔT QU'ENQUÊTEURDoté d'une puissance de travail peu commune et d'une énergie rare, il lisait tout, découpait les articles glanés à droite et à gauche, écoutait ceux qui rendaient visite à l'association et, sans trop s'embarrasser de vérification, faisait de cette matière première la pâte de ses ouvrages.Se rendre en Afrique ne l'intéressait d'ailleurs pas. "Je n'ai pas besoin d'y aller pour savoir ce qui s'y passe. Pas plus que Fernand Braudel n'a eu besoin de vivre dans la Méditerranée du XVIe siècle pour en reconstituer l'histoire", se défendait-il.C'est dire que François-Xavier Verschave n'était pas un enquêteur, mais le militant d'une cause qu'il jugeait sacrée. Lui disparu, la "Françafrique" perd son contempteur le plus véhément.