Mort de François Lamoureux

Mort François Lamoureux, ancien directeur général des transports et de l'énergie à la Commission européenne François Lamoureux, ancien directeur général des transports et de l'énergie à la Commission européenne, est mort samedi 26 août à Bordeaux, des suites d'un cancer. Il était âgé de 59 ans. Avec François Lamoureux, l'Union européenne perd l'un de ses bâtisseurs les plus déterminés. Durant les vingt dernières années, cet homme au caractère entier, à la personnalité rugueuse, aux convictions profondes, à la ténacité de fer et aux exigences tranchées a oeuvré inlassablement sur tous les fronts de la construction européenne où ses états de service l'ont successivement conduit. A Bruxelles, pour l'essentiel, au cours d'une carrière commencée comme juriste (sa formation de base), et dont les débuts exceptionnels lui valurent d'être remarqué par Emile Noël, secrétaire général de la Commission à l'époque. Puis au cabinet du président Jacques Delors, qu'il vénérait, et qui en fit la cheville ouvrière du projet de grand marché intérieur, de l'Acte unique, puis du traité de Maastricht. Un moment à Paris, auprès du premier ministre Edith Cresson, dont il partageait la fougue, où il se heurta à une partie de l'administration française. Puis, de retour à Bruxelles, pour préparer les élargissements jusqu'à sa promotion comme directeur général des transports et de l'énergie en 1999, sous la houlette de la commissaire Loyola de Palacio avec laquelle il a formé, durant les cinq années du mandat du collège présidé par Romano Prodi, un couple aussi improbable que soudé et productif. En témoigne, entre autres, la mise sur orbite du projet Galileo. Son expérience et ses compétences en matière institutionnelle conduisirent alors Romano Prodi à le charger d'élaborer, dans l'ombre, un projet de constitution européenne sous le nom de code de "Pénélope". Ce travail monumental fut écarté pour excès d'ambition fédéraliste, même si les spécialistes lui reconnaissent aujourd'hui la précision, la cohérence et la puissance qui ont manqué au projet de traité constitutionnel élaboré par la convention présidée par Valéry Giscard d'Estaing, et qui fut rejeté par les référendums français et néerlandais. Ces dernières années, François Lamoureux avait tenté de mettre sur pied une véritable politique européenne de l'énergie. En socialiste et en européen, il avait perçu, avant d'autres et mieux que d'autres, l'importance de cet enjeu et s'était employé, en vain, à convaincre la Commission et les Etats membres réticents des vertus combinées de la libéralisation des marchés énergétiques continentaux et de politiques publiques musclées permettant d'en assurer les bénéfices à long terme. GAGNER LA HAUTE MER Travailleur indomptable, François Lamoureux était aussi un marin dans l'âme. Et mettait la même fierté à exploiter les passes du bassin d'Arcachon, et la même passion à en préserver les rivages qu'à explorer les anfractuosités du traité de Rome. Peu importaient les marées, les courants ou les vents. L'essentiel était de gagner la haute mer, là où il était libre, quitte à raser les hauts fonds pour y parvenir le plus vite possible. Voici moins d'un an, ses nouveaux supérieurs à la Commission européenne lui avaient signifié son congé. En lui faisant comprendre, rapportait-il, bougon, qu'il n'y avait désormais plus de place à Bruxelles pour des pionniers ou des vétérans de sa trempe. Il en avait été moins surpris que meurtri. Comme si Pénélope avait reçu l'injonction de casser son fil...