Mort de François Boureau
Mort François Boureau, pionnier de la lutte contre la douleurLe docteur François Boureau, pionnier du traitement de la douleur en France, est mort jeudi 23 juin, près de Charm el-Cheikh (Egypte). Il était âgé de 57 ans.Né le 18 octobre 1947 à Saint- Symphorien, près de Tours, François Boureau avait fait ses études de médecine à Saint-Antoine et à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Il s'est intéressé à la souffrance et à sa prise en charge il y a plus de vingt ans, à une époque où la douleur n'était qu'un épiphénomène et où l'idée dominante, y compris chez les médecins, était qu'il fallait accepter de souffrir pour guérir. Il fut l'un des premiers parmi ceux qui ont étaient convaincus que la douleur n'avait aucun sens et qu'elle devait être maîtrisée.Le Dr Boureau a toujours refusé et combattu la fatalité de la douleur. Avec, pour armes, la persuasion, la persévérance, la pédagogie, l'enseignement d'une science encore en balbutiement. François Boureau avait choisi de mener le combat contre la douleur à l'hôpital, un engagement loin de certaines voies hospitalo-universitaires plus prestigieuses.On venait de loin pour l'écouter, pour l'entendre, pour apprendre à décoder une douleur. Pionnier, il l'a été dans le domaine de l'enseignement, avec la création de l'un des premiers diplômes d'université sur la douleur en France. Il présidait le Collège national des enseignants universitaires de la douleur.Il n'y a pas une douleur, disait-il, mais des douleurs, pour lesquelles il avait mis au point un système d'évaluation, afin de pouvoir les mesurer à l'aide d'outils comme la température, la tension artérielle et le pouls et faire de la douleur un paramètre médical comme les autres, et universel.Avec son équipe, à Saint-Antoine, il a traduit et validé le test d'évaluation de la douleur appelé "Mac Gill Pain Questionnaire" et créé le QDSA ("Questionnaire douleur Saint-Antoine"), devenu une référence. Il a été l'un des rares à avoir mis en avant la recherche clinique. Tous ses travaux et publications ont été réalisés sur l'homme : étude des morphines endogènes dans l'insensibilité congénitale de la douleur avec Jean-Claude Willer, sous la direction d'Henri Dehen et de Jean Cambier, entre autres.Plus récemment, il a été l'auteur de recherches sur la thématique "obésité et nociception" (perception des sensations douloureuses). Ces travaux ont fait de lui l'un des trop rares Français faisant autorité au plan international dans ce domaine.