Mort de Francis Mayer

Mort Francis Mayer, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations Francis Mayer, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), est mort à Paris, samedi 9 décembre, des suites d'une longue maladie. Agé de 56 ans, il avait été nommé en décembre 2002 à la tête de l'institution financière publique - l'un des postes prestigieux de la République - par un décret du chef de l'Etat. Jacques Chirac lui a rendu hommage samedi, saluant "un très grand serviteur de l'Etat". Né le 1er septembre 1950 à Ettendorf, en Alsace, dans une famille d'agriculteurs modestes, Francis Mayer, agrégé d'allemand et ancien élève de l'ENA, est un pur produit de la méritocratie républicaine. Il a d'abord enseigné l'allemand, avant d'intégrer la direction du Trésor du ministère des finances en 1979, à sa sortie de l'ENA. Il y grimpe les échelons un à un, jusqu'en 1997 où il prend, pour deux ans, la présidence du Club de Paris, ce groupe de créanciers publics chargé de renégocier la dette des Etats en difficultés. Européen convaincu, il est nommé en 1999 vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI), où il demeure jusqu'en 2002. Ressentant peu d'attirance pour l'establishment parisien, ce proche de Jacques Chirac - qui le remarqua lors de la restructuration de la dette du Liban - disposait pourtant d'importants réseaux dans les milieux d'affaires, dont le PDG de Veolia, Henri Proglio. Au cours des derniers mois, il s'était rapproché de Michel Pébereau, le président de BNP Paribas, qui appréciait les réformes entreprises sous son mandat à la CDC. L'arrivée de Francis Mayer à la CDC fut pourtant contestée. L'Elysée dut batailler pour imposer un candidat dont ne voulaient ni Bercy ni Matignon. Finalement désigné pour succéder à Daniel Lebègue, il y est fraîchement accueilli par les syndicats, qui le soupçonnent de préparer un projet d'attrition, voire de démantèlement, du groupe public. Mais en fait de démantèlement, Francis Mayer, décrit comme "un réformateur impatient et tenace", veut moderniser une CDC qu'il juge compassée. Il y consacre son mandat, en commençant par en simplifier l'organisation. Francis Mayer s'entoure d'un cabinet resserré, composé d'hommes de confiance comme André-Laurent Michelson et Dominique Marcel, ex-conseiller de Lionel Jospin à Matignon, avec qui il formera un tandem toujours soudé. C'est avec M. Marcel qu'est trouvée une sortie par le haut au conflit déclenché en mars par les Caisses d'épargne, pour le contrôle de leur banque d'investissement commune, Ixis. Au cours de ses quatre ans de mandat, Francis Mayer s'efforce de ramener la CDC à ses fondamentaux : tout en insistant sur la maîtrise des charges, il privatise certaines activités concurrentielles mais développe les missions d'intérêt général qui soutiennent les grandes politiques publiques (logement social, politique de la ville, etc.). Sa préoccupation, confiait-il, était de "faire le nécessaire pour qu'il n'y ait plus de débat sur l'utilité de la Caisse des dépôts". A l'heure du bilan, de proches collaborateurs jugeaient l'objectif atteint, la CDC étant devenue, selon eux, "une maison républicaine et consensuelle".