Annonce Fourniret, tueur des Ardennes sur les terres d'Emile Louis Auteur reconnu de neuf meurtres, il est accusé par sa femme de cinq nouveaux crimes, dont deux dans l'Yonne. e tueur des Ardennes, Michel Fourniret, 62 ans, aurait aussi pas mal sévi dans l'Yonne. Du moins si l'on en croit son épouse Monique Olivier qui l'a accusé, voilà huit jours, de deux meurtres supplémentaires de jeunes filles non loin d'Auxerre, en 1988 et 1990. Libéré en octobre 1987 pour «bonne conduite» à mi-peine, Michel Fourniret, qui avait pris sept ans pour dix-huit agressions sexuelles sur mineures, s'installe à Saint-Cyr-les-Colons (Yonne) avec sa «visiteuse» Monique Olivier. Il a une maison dans ce village où habitent ses beaux-parents d'un précédent mariage. C'est là qu'il commence sa carrière criminelle, deux mois plus tard, avec Monique aussitôt complice. Michel Fourniret a reconnu le meurtre du 11 décembre 1987. Ce jour-là, il repère une jeune fille sur la route d'Auxerre, descend de voiture et se poste sur le bas-côté avec un jerrican. Il laisse sa femme aborder, seule au volant, Isabelle Laville, 17 ans. La conductrice se prétend égarée, demande à la collégienne de monter pour la guider. Plus loin, elle embarque un supposé auto-stoppeur, en l'occurrence Fourniret, qui viole l'adolescente puis la supprime, bien décidé à ne plus jamais laisser de témoins derrière lui. «En pleine campagne, j'ai trouvé un puits dans lequel j'ai fait basculer le corps», a indiqué Fourniret sans plus de précision. Monique Olivier a donc ajouté de nouvelles victimes à son tableau de chasse qui en comportait déjà neuf (six meurtres en France et trois en Belgique). Furieux. Le 8 juillet 1988, selon elle, nouvelle victime. Monique Olivier aurait encore servi d'appât pour attraper Marie-Angèle Domece, 19 ans, sur le chemin qui mène à la gare d'Auxerre. Ce vendredi d'été, la petite retardée mentale placée en foyer devait rejoindre en train sa nourrice à Migennes. Fourniret l'aurait capturée, violée à l'arrière de la camionnette puis étranglée. «Madame se trouve à l'avant du véhicule, assiste à tout sauf à la disparition du corps», souligne le procureur général de Reims, Yves Charpenel. Fourniret serait sorti de la fourgonnette Citroën, aurait lancé à son épouse «Je m'en occupe», puis dit au retour : «Là où je l'ai mise, personne ne la retrouvera jamais.» A l'époque, il vit dans une masure à Floing et au château du Sautou (Ardennes), mais passe ses vacances dans l'Yonne. Le 17 mai 1990, ils reviennent à Saint-Cyr-les-Colons pour déménager des meubles et tombent sur Joanna Parrish, 20 ans, assistante d'anglais dans un lycée d'Auxerre. Selon sa femme, il l'a violée, étranglée puis jetée dans l'Yonne, pieds et poings liés. A l'époque, le corps dénudé de la jeune Britannique a bien été découvert flottant sur la rivière. Furieux des accusations inédites de son épouse, Michel Fourniret ­ que les enquêteurs ont vu «pour la première fois en colère et violent» ­ nie farouchement les deux crimes, de Domece et de Parrish. Il ne veut même pas en entendre parler : «Les déclarations de ma femme m'indiffèrent», a-t-il coupé net. Michel Fourniret aurait donc chassé sur les terres du chauffeur des Rapides de Bourgogne, Emile Louis, qui avait assassiné sept jeunes femmes débiles légères de la Ddass entre 1975 et 1979. A-t-il copié sur lui pour brouiller les pistes et mettre ses crimes sur le dos d'un autre ­ comme il l'a fait dans la Marne en août 1988 avec Fabienne Leroy, qu'il a tuée par arme à feu puis déposée sur le camp de Mourmelon pour aiguiller les gendarmes «sur un militaire», à l'époque des «disparus de Mourmelon» enlevés par l'adjudant Chanal ? Trois baby-sitters. L'enquête sur la disparition de Marie-Angèle Domece avait d'ailleurs été relancée en avril 2002 par une plainte de sa soeur et de son père, consécutive à l'affaire Emile Louis. Aujourd'hui, Fourniret explique le seul meurtre qu'il avoue dans l'Yonne, celui d'Isabelle Laville, par son point de chute dans la région. Reste que Fourniret n'a pas son pareil pour «changer de mode opératoire», pour «varier les signatures», selon Yves Charpenel. Ainsi, il a utilisé «un tournevis cruciforme» pour tuer Natacha Danais, 13 ans, dans l'ouest de la France et l'a abandonnée sur une plage, à la façon du «routard du crime» Francis Heaulme. Comme si cela ne suffisait pas, hier soir, Monique Olivier a accusé son mari de trois nouveaux meurtres. Trois jeunes filles que le couple avait recrutées comme baby-sitters, selon le procureur du roi de Dinant (sud de la Belgique), Arnoud d'Aspremont Lynden : «Monique Olivier était chargée de recruter les jeunes filles en épluchant les petites annonces. Elle devait s'assurer qu'elles vivaient seules. Le but était que Michel Fourniret entretienne avec elles des relations sexuelles.»