Découverte Fortes tensions en Bolivie autour du partage des richesses énergétiques De violents affrontements ont opposé des policiers et des manifestants boliviens, mardi 31 mai à La Paz, où des milliers d'Indiens ont défilé en masse, paralysant la circulation et entraînant la suspension d'une importante session du Parlement. Les manifestants ont maintenu ainsi la pression exercée depuis plusieurs semaines sur les parlementaires, à qui ils réclament la nationalisation des hydrocarbures, la convocation d'une Assemblée constituante et un référendum sur l'autonomie des neuf régions que compte la Bolivie. Les manifestants réclament avant tout un partage plus équitable des revenus des ventes de gaz bolivien, dont les réserves sont parmi les plus importantes d'Amérique latine. Mais le pouvoir a réagi par la manière forte. Des policiers antiémeutes positionnés devant le Congrès ont utilisé gaz lacrymogènes et canons à eau pour repousser les manifestants, qui leur ont lancé de la dynamite au moyen de lance-pierres, pendant que plusieurs milliers de personnes déferlaient sur la capitale, barrant l'accès à l'aéroport. La majorité indigène, socialement défavorisée, estime que la loi sur l'énergie adoptée par le Congrès il y a deux semaines n'établit pas un contrôle complet de l'Etat sur le secteur, dont elle réclame la nationalisation, alors qu'il est actuellement dominé par des entreprises étrangères. "DEHORS LES YANKEES" "Dehors les Yankees, nationalisation du gaz", "le gaz est bolivien", ont crié des milliers de paysans et ouvriers venant notamment de la banlieue populaire d'El Alto, à une douzaine de kilomètres de la capitale. Dans ce contexte extrêmement tendu, le président Carlos Mesa avait garanti aux députés qu'ils pourraient sans risque se rendre au Congrès pour sa première session depuis deux semaines, consacrée à des débats sur des mesures visant à désamorcer l'opposition virulente de la population à la nouvelle loi sur l'énergie. Mais seuls 62 des 130 députés ont osé se rendre au Congrès en empruntant les étroites ruelles du centre-ville sous très forte garde policière. Le président de la Chambre basse, Mario Cossio, s'est vu contraint de suspendre la session, faute de quorum. La session a été reportée à mercredi après-midi. Le président du Congrès, Hormando Vaca Diez, ne s'est lui-même pas présenté, et le chef de file de l'opposition, Evo Morales, issu de la majorité indigène, l'a accusé de complot contre la démocratie. "Je suis sûr qu'avec ses manœuvres, il vise à devenir président de la République", a déclaré M. Morales.