Victoire Formule 1. L'Espagnol Fernando Alonso offre à l'écurie française sa deuxième victoire de la saison. Renault remet la gomme en Malaisie Aux averses (en essais) et à la fraîcheur (en course) lors du Grand Prix d'Australie, ont succédé la chaleur étouffante (37 °C) et l'humidité (plus de 50 %) du Grand Prix de Malaisie, hier. A chaque fois, malgré ces conditions extrêmes, l'écurie Renault s'est montrée dominatrice, bien aidée dans sa conquête par les pneus Michelin pour l'instant supérieurs aux Bridgestone. Après la pole position et la victoire de Giancarlo Fisichella à Melbourne, son équipier espagnol Fernando Alonso a fait étalage de la même facilité pour s'imposer dans le deuxième Grand Prix de la saison et ainsi s'installer en tête du championnat des pilotes. Comme la mécanique Renault, le petit taureau espagnol a souffert mais tenu. «A la hauteur». Epuisé mais heureux, Alonso, qui entame, à 23 ans, sa quatrième saison à ce niveau, affirme que les choses sérieuses ont commencé. «Ce fut une course physiquement très difficile (son système d'alimentation en boisson est tombé en panne, ndlr), et j'ai vraiment senti l'effort une fois sur le podium. La manière dont j'ai pu gagner démontre que nous sommes à la hauteur de nos concurrents, sur tous les types de circuit. A ce stade, je pense que nous avons toutes nos chances pour lutter au championnat.» La seule fausse note de l'écurie française concerne l'Italien Fisichella (lire ci-contre) qui a manqué de discernement alors qu'il défendait sa place et s'est accroché avec un adversaire. Sans cet incident, l'équipe Renault disposerait d'une plus grande avance encore au championnat des constructeurs dont elle occupe la tête avec une confortable marge sur ses poursuivants. Mieux, les équipes McLaren, Ferrari et même Williams (malgré la belle troisième place de Nick Heidfeld) que Renault considère comme ses principales rivales ne se montrent pas, pour l'instant, aussi compétitives que prévu. Une situation qui ne se prolongera peut-être pas et dont profite, avec opportunisme, des équipes outsiders. C'est le cas de la puissante formation Toyota, qui a, cette fois, concrétisé le potentiel entrevu en Australie. Bête de course. Jarno Trulli, qui s'est maintenu dans le peloton de tête après s'être élancé de la première ligne, offre son premier podium en F1 au deuxième constructeur mondial. Un résultat confirmé par la cinquième place de Ralf Schumacher sur la seconde monoplace japonaise. Mais la bonne surprise vient de l'écurie Red Bull. En rachetant l'écurie Jaguar, moribonde, on n'imaginait pas cette (richissime) entreprise de boisson énergétique faire mieux qu'un grand constructeur automobile (Jaguar est la propriété de Ford). Mais les responsables de Red Bull ne se sont pas contentés de repeindre les monoplaces anglaises et de gaver leurs mécaniciens à la taurine. Par petites touches et avec beaucoup d'astuces, les techniciens ont gommé les principaux défauts d'une monoplace jusque-là rétive pour la transformer en véritable bête de course. Et comme l'ensemble est fiable et les pilotes surmotivés (David Coulthard parce qu'on lui promettait la retraite après son départ forcé de chez McLaren et Christian Klien parce qu'il sait être en concurrence avec Luizzi, le pilote d'essais), Red Bull est la seule équipe à avoir placé ses deux pilotes dans les points dans les deux premières courses de la saison. Son total de points est déjà supérieur à celui de Jaguar sur l'ensemble de la saison 2004. La joie au sein des écuries Toyota et Red Bull est proportionnelle à la déception du côté de McLaren-Mercedes et surtout de Ferrari. Chez les anglo-allemands, le potentiel est là. Il manque aujourd'hui, un rien de compétitivité et de fiabilité à l'ensemble pour que Kimi Raikkonen et Juan Pablo Montoya viennent se mêler à la lutte pour la victoire. Et surtout, cette paire de pilotes exceptionnels doit se montrer plus percutante en qualification. La Scuderia souffre. Chez Ferrari, la situation paraît beaucoup plus inquiétante et, comme le souligne Michael Schumacher sobrement, «nous ne sommes tout simplement pas assez compétitifs». En attendant la nouvelle monoplace, dont le baptême du feu pourrait être avancé au prochain Grand Prix à Bahrein, le septuple champion et Rubens Barrichello souffrent. En Malaisie, la monoplace italienne a surtout péché du côté de ses pneus Bridgestone en se montrant incapable de faire monter ses gommes en température en qualification. En se qualifiant en fond de grille, les pilotes Ferrari sont pour l'instant condamnés à des courses poursuites éprouvantes. A Melbourne comme à Sepang hier, Schumacher a montré ses limites dès lors qu'il n'est pas au volant de la meilleure machine du peloton. Les espoirs de la Scuderia reposent donc sur cette nouvelle monoplace, à condition qu'elle se montre nettement plus performante que la voiture actuelle. «Si, dans cinq ou six courses nous sommes toujours en difficulté, il sera inutile de parler du titre», a prévenu le champion du monde en titre.