Premier/e finance Depuis hier, les banques peuvent proposer des intérêts sur les comptes courants Comptes rémunérés : c'est parti ! Depuis hier, tous les Français peuvent gagner de l'argent grâce à leur compte courant. En théorie du moins. Un arrêté publié hier au Journal officiel vient d'autoriser la rémunération de ces comptes, jusque-là interdite. La France se met ainsi en conformité avec une décision de la Cour européenne de justice d'octobre dernier. A l'époque, celle-ci avait condamné la réglementation française et donné raison à la CaixaBank, sanctionnée en 2002 pour avoir tenté d'offrir cette rémunération à ses clients. Sans surprise, c'est donc cette banque qui a dégainé la première. Depuis hier, elle propose à ceux qui en feront expressément la demande une rémunération de 1,50% brut par an... mais seulement au-delà des 1 500 premiers euros. Ces intérêts seront calculés au jour le jour, et versés chaque trimestre. Pour rendre son offre plus attractive, la CaixaBank a aussi diminué ses frais de tenue de compte – ramenés à 1 euro par mois –, ne facture pas les chèques et propose même la gratuité totale des services bancaires (cartes, etc.) à certaines conditions. D'autres établissements, qui trouvent eux aussi l'occasion trop belle de gagner en notoriété et d'attirer les nouveaux clients, lui emboîteront le pas dans les prochaines semaines. Cortal Consors, filiale de BNP Paribas, lancera début avril un compte courant rémunéré à 1%. Et cette fois dès le premier euro. Là encore, les chèques resteront gratuits, et les frais de tenue de compte (2 euros mensuels) seront offerts aux clients qui épargnent régulièrement par ailleurs. En lice aussi, Covefi, une banque à distance filiale du Cetelem et des Trois Suisses, qui devrait rémunérer les comptes dès le premier euro, mais reste pour l'instant muette sur le taux servi. Enfin, la BPE (Banque privée européenne), la banque privée du groupe Crédit mutuel Arkéa, étudie sérieusement la question. Face à ces offensives, les grandes banques, elles, restent de marbre. La Société générale, BNP Paribas, les Caisses d'épargne, les Banques populaires, le Crédit agricole, La Poste ou encore le Crédit mutuel souhaitent pour l'instant s'en tenir au statu quo. Parce que rémunérer les comptes de leur clientèle reviendrait très cher. Mais aussi parce que, selon elles, la grande majorité de leurs clients (90% par exemple au Crédit agricole) préfère ne rien changer. Il est vrai que le gain pourrait être minime pour beaucoup d'entre eux, même si les rémunérations annoncées aujourd'hui sont largement supérieures à celles pratiquées dans d'autres pays (où les comptes rapportent souvent seulement 0,10% à 0,50%). Chez Cortal Consors, par exemple, laisser en permanence sur son compte 2 000 euros permettra de gagner en un an... 20 euros. A la CaixaBank, pour la même somme, le compte rémunéré rapportera 7,5 euros d'intérêts avant impôt. Mais la banque vise une tout autre clientèle. L'encours moyen des comptes de ses clients se situe autour de 14 500 euros.
