Annonce Fidel Castro et son frère Raul en vedettes du sommet des non-alignés Le chef de la délégation cubaine" ne s'est toujours pas montré à La Havane, se contentant de distiller, par petites touches, ses apparitions à la télévision. Entre un programme officiel annonçant qu'il va présider les dîners de gala du sommet des non-alignés, des rumeurs qui le disent prêt à accueillir ses homologues chefs d'Etats, et les progrès de sa convalescence mis en images, Fidel est la vraie vedette du sommet qui doit réunir, entre autres, les présidents iranien et vénézuélien et qui se tient chez lui, à La Havane. Et Fidel va mieux, la télévision nationale en atteste. Mercredi, elle diffusait des photos montrant le Comandante recevant le représentant argentin au sommet Miguel Bonasso. On y voyait un Fidel capable de plaisanter avec son hôte, hilare, puis sérieux quand il consulte le livre reprenant les entretiens qu'il a accordés à Ignacio Ramonet (Cent heures avec Fidel). Jeudi, c'est une vidéo que la télévision a montrée. Amaigri, vêtu d'un pyjama et d'un peignoir bordeaux, on y voit Fidel serrer la main d'Hugo Chavez, le président vénézuélien, et converser avec celui qu'il a ensuite qualifié de "champion olympique des nouvelles idées socialistes". Et Chavez de rassurer ceux qui s'inquiètent de la santé de son "père spirituel" : "Fidel marche, chante, il a même chanté une chanson (...) Je l'ai vu en assez bonne forme pour rejouer au base-ball, ou presque...", a affirmé le président vénézuélien. PREMIERS MOTS Hôte et doyen de la rencontre, le chef de l'Etat, âgé de 80 ans, entretient aussi le suspense sur le moment de son apparition en chair et en os et le choix de son interlocuteur. Ce pourrait bien être le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, arrivé jeudi soir. Une chose est sûre aux yeux des diplomates présents à La Havane : avec 1 200 journalistes présents sur l'île, Fidel Castro, familier des médias depuis sa jeunesse, ne ratera pas l'occasion de se rappeler au monde. Mais le "patient discipliné" qu'il dit être maintenant se rangera d'abord à l'avis de ses médecins, seule autorité qu'il reconnaisse. En attendant de voir le frère aîné des Castro reprendre sa place sur le devant de la scène, c'est "le second chef de la délégation", Raul, 75 ans, qui a assuré un (court) spectacle. Dans un pays où le discours a une certaine importance symbolique, le président par intérim a fait sensation en prenant la parole en public pour la première fois depuis que Fidel lui a confié les rênes du pouvoir. Raul Castro présidait une réunion du groupe des Quinze, un rassemblement de dix-neuf pays créé il y a dix-sept ans pour se consacrer à la coopération économique Sud-Sud. "Nos pays n'ont pas d'autre option que de s'unir", a déclaré Raul, qui a troqué l'uniforme militaire qu'il porte depuis la révolution de 1959 pour un costume sombre et une cravate. "Nous devons nous battre pour un monde meilleur et plus juste", a-t-il tonné, sans toutefois montrer les mêmes qualités oratoires que son aîné... sans doute plus entraîné. Rapidement, Raul a préféré laisser la parole au président iranien, Mahmoud Ahmadinejad.