Concert Festival Rock en Seine : The Raconteurs, un "supergroupe" à un seul héros Apparue avec Cream au milieu des années 1960, la notion de "supergroupe" a été symbolisée dans la décennie suivante par la mégalomanie pompière d'Emerson, Lake & Palmer, avant de tomber en désuétude. Il en va du rock comme du football. La réunion de stars issues de formations différentes est souvent impressionnante - sur le papier seulement. A une exception près toutefois : les Traveling Wilburys, joyeuse confrérie au casting de choc - Bob Dylan, George Harrison, Roy Orbison, Tom Petty et Jeff Lynne. Programme Le 4e festival Rock en Seine est organisé au Domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), vendredi 25 et samedi 26 août, dans la partie basse du domaine conçu par Le Nôtre au XVIIe siècle, la plus accessible et la plus dégagée, qui prolonge le Musée de la céramique. Trente artistes et groupes (quinze par jour) sont attendus sur trois scènes différentes. Vendredi 25 août. Calexico, Nada Surf, Dirty Pretty Things, Patrice et Morrissey (Grande Scène). Wolfmother, India Arie, Clap Your Hands Say Yeah !, Kasabian et The Raconteurs (Scène de la cascade). Dead Pop Club, Neïmo, French Paradoxe, TV on The Radio et DJ Shadow (Scène de l'industrie). Samedi 26 août. Taking Back Sunday, Phoenix, Dead 60's, Beck et Radiohead (Grande Scène). Broken Social Scene, Xavier Rudd, Skin, The Rakes et Editors (Scène de la cascade). Fancy, Daddy Longless, Rhesus, Grand Corps malade, Tokyo Ska Paradise Orchestra (Scène de l'industrie). Complet. Hors concerts. Le festival organise une exposition de photographies de Jean-Baptiste Mondino ; les dessins de Luz et Julien CDM, réalisés durant le festival, seront projetés sur écran entre les concerts ; concours Rock en strophes et Rock en clips. Renseignements. Entrée principale grille Clemenceau du Domaine de Saint-Cloud. Ouverture des portes à 14 heures, début des concerts à 15 h 30. Métroo Boulogne-Pont-de-Saint-Cloud ; tramway T2 Parc-de-Saint-Cloud. Tél. : 08-92-68-08-92 (0,34 €/min). 39 € par jour. Sur Internet : www.rockenseine.com. [-] fermer En comparaison, parler de "supergroupe" à propos de The Raconteurs, qui doivent donner leur premier concert français le 25 août au festival Rock en Seine, peut sembler abusif. Car cette nouvelle entité, qui a publié l'album Broken Boys Soldiers, ne compte en fait qu'un "super-héros", Jack White. Chef de file du retour au son analogique et aux guitares d'antan, le leader des White Stripes s'est imposé comme une des personnalités les plus fortes et influentes du rock actuel. POP ANGLOPHILE ET ROCK PRIMITIF C'est donc sur le nom du chanteur et guitariste américain que la maison de disques XL a pu convier une cohorte de journalistes pour le lancement de l'album à Londres. Autour d'un open bar à gogo dans le très branché magasin Vinyl Factory, au coeur de Soho. Pour patienter, une trentaine de musiciens classiques (des cuivres, de l'harmonium, une harpe, des vibraphones) inscrivent au répertoire l'oeuvre des White Stripes. Aluminum est augmenté d'une introduction dodécaphonique digne de Bernard Herrmann, Let's Build a Home devient une course-poursuite cinématographique à la Lalo Schifrin. Les partitions de ces blues modernes tiennent en une page. Après avoir rajeuni paradoxalement le rock en défendant des options réactionnaires, Jack White aurait-il attrapé la grosse tête ? L'auteur apparaît bientôt avec son nouveau groupe. A ses côtés officie son ami de Detroit (Michigan), le terne Brendan Benson, un garçon dont les artefacts des Beatles et des Wings, pour habiles qu'ils soient, n'ont jamais touché le grand public. La section rythmique (le bassiste Jack Lawrence et le batteur Patrick Keeler) est celle des Greenhornes de Cincinatti (Ohio), un inoffensif groupe de garage obsédé par les Who de la première génération. On sent pourtant Jack White heureux de se fondre dans un quatuor, enfin libre de ses mouvements. Les limites techniques de Meg White, sa partenaire batteuse des White Stripes, l'obligeant à remplir tout l'espace musical. The Raconteurs tentent de marier deux cultures : la power pop anglophile de Benson et le rock primitif, nourri de blues et de country, de White. "La première fois que nous avons joué ensemble, il y a quatre ans, nous étions comme des étrangers l'un à l'autre, nous n'avions pas de direction, nous avons laissé le truc venir, explique Jack White. La première chanson que nous avons écrite est Steady as She Goes. Pendant les deux années suivantes, nous nous sommes retrouvés pendant les week-ends." Single impeccable, dynamique et mélodique, Steady as She Goes ne masque pas que l'alchimie est encore imparfaite. Les chansons les plus impressionnantes reviennent logiquement à Jack White : la fougue zeppelinienne de Broken Boy Soldier ou le blues innervé de Blue Veins, qui convoque le fantôme de Screamin'Jay Hawkins. Le tandem refuse toutefois que The Raconteurs soient considérés comme une récréation ou un "projet parallèle". "Je n'aime pas ce mot, dit Jack White, parce que cela minore ce groupe par rapport au reste." Le reste, c'est évidemment les White Stripes, dont on attend les prochaines aventures.