Annonce Faute d'entente avec les syndicats, M. Dutreil décide unilatéralement de revaloriser les salaires de 0,8 % pour 2005Les négociations sur les salaires des fonctionnaires ont échoué, mardi soir 29 mars, entre les syndicats et le ministre de la fonction publique, Renaud Dutreil, ce dernier décidant d'appliquer de façon unilatérale sa proposition initiale d'une revalorisation de 0,8 % pour 2005.Tout au long des sept heures de négociations, les syndicats sont restés fermes sur leur exigence de ne négocier que sur les salaires pour 2005, alors que M. Dutreil leur proposait un accord salarial global portant à la fois sur les années 2005 et 2006.Dans les coulisses des négociations : "C'est le gouvernement qui a arrêté la discussion" Les fédérations syndicales de fonctionnaires ont exprimé leur étonnement sur la façon dont le gouvernement a mené la discussion."On aurait pu faire mieux. Nous [les organisations syndicales] avons discuté au maximum mais nous avons eu l'impression que le ministre n'avait pas de mandat pour aller plus loin. C'est dommage", a dit la secrétaire générale de la fédération CFDT, Marie-Claude Kervella. En privé, plusieurs négociateurs se sont dits "un peu étonné de la méthode" choisie par le ministre de la fonction publique, qui "s'est acharné à essayer d'obtenir un accord biannuel sur 2005 et 2006", comme l'avait voulu le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin."Au moment où on rentrait vraiment dans la discussion des niveaux [de revalorisation] et des calendriers, le ministre nous a dit qu'il n'avait pas de mandat pour aller plus loin et il a retiré sa proposition intermédiaire", qui intéressait plusieurs organisations, a-t-il expliqué. Selon plusieurs négociateurs, l'Unsa a notamment demandé un délai de 48 heures pour consulter ses instances sur des propositions chiffrées amendées."Quand il a vu qu'on commençait à s'intéresser à ses propositions, le ministre les a retirées. Il nous a laissé en rase campagne et on peut vraiment dire que c'est le gouvernement qui a arrêté la discussion", a raconté un autre."Je savais que je ne pouvais pas aller au-delà des mesures proposées en 48 heures", a justifié Renaud Dutreil. - (avec Reuters). [-] fermerNOUVEAU RENDEZ-VOUS LE 5 AVRILDevant ce blocage, le ministre de la fonction publique a finalement renoncé à l'idée d'un accord avec les syndicats ainsi qu'à celle de mettre en place un accord bisannuel. Il a fait le choix d'une décision unilatérale pour la seule année 2005, d'un montant de 0,8 % se décomposant en 0,5 % au 1er juillet et 0,3 % au 1er novembre.En décembre 2004, le gouvernement avait déjà accordé une revalorisation générale des salaires de 1 % pour l'année 2005 (+ 0,5 % au 1er février et + 0,5 % au 1er novembre). Après plusieurs journées de mobilisation, Jean-Pierre Raffarin avait demandé à son ministre de rouvrir les négociations salariales en mars."Le projet 2005-2006 était très attractif, les organisations syndicales ont décidé de le refuser, c'est leur choix. On peut regretter qu'elles n'aient pas saisi la perche tendue par le gouvernement", a déploré mardi soir Renaud Dutreil devant la presse.Commentant la revalorisation de 0,8 %, le ministre a estimé que c'était "une mesure juste pour les fonctionnaires et raisonnable pour le gouvernement", la chiffrant à "350 millions d'euros pour les agents de trois fonctions publiques, financés sans augmentation d'impôts et sans aggravation du déficit public", a assuré M. Dutreil.Il a également indiqué avoir convoqué les fédérations de fonctionnaires le 5 avril pour "débattre des différents thèmes à négocier avec les syndicats".Les syndicats ont globalement accueilli plutôt favorablement cette nouvelle mesure, tout en soulignant que la perte de pouvoir d'achat de 5 % depuis 2000 n'était pas résorbée."REDISCUTER DE 2006" PLUS TARD"Seule la mobilisation paie, parce que la mesure nouvelle n'a été obtenue que parce que les salariés se sont mobilisés. C'est indéniable. Le ministre a retiré entièrement le tapis concernant 2006", a souligné Jean-Marc Canon (CGT)."Le gouvernement a essayé à tout prix de nous enfermer dans une discussion 2005-2006, alors qu'il savait pertinemment que ce n'était pas notre position, et ce n'est que contraint et forcé, au bout de la soirée, qu'il a reconnu qu'il n'y avait pas d'accord. On lui demandait de pouvoir rediscuter de 2006 dans quelques jours ou quelques semaines", a indiqué Gérard Achieri (FSU). Marie-Claude Kervella (CFDT) a souligné de son côté que "le pouvoir d'achat des agents était maintenu pour 2005"."Nous sommes pour une négociation salariale annuelle et non pas bisannuelle. On préfère tenir que courir sur l'année 2005, et après on négocie au fur et à mesure les autres années. Reste à savoir comment le gouvernement va traiter le passif depuis 2000", a commenté Gérard Nogues (FO).Avec AFP
