Attaque Fallouja : les troupes US avancent avec difficulté Alors que les bombardements américains ont repris et visé, mardi matin, le centre de la ville et des objectifs stratégiques, quelques centaines de marines continuent, selon l'armée américaine, de progresser depuis le nord de la cité sunnite en direction du centre, rencontrant une forte résistance. Ces troupes auraient progressé d'un kilomètre depuis lundi, une journée marquée par d'intenses bombardements dont le bilan demeure inconnu. L'offensive sera difficile et "prendra du temps", a déclaré lundi Donald Rumsfeld.Le pilonnage de Fallouja par l'armée américaine se poursuivait, mardi 9 novembre dans la matinée, alors que quelques centaines de marines progressaient dans les quartiers nord de la ville, selon des correspondants sur place. Toutefois, le commandant d'une compagnie de blindés américains a déclaré mardi que les insurgés opposaient une résistance acharnée dans le quartier de Jolan, dans le nord-ouest de la cité sunnite. "Ces gars-là sont endurcis. Ils opposent une résistance acharnée", a déclaré à Reuters le capitaine Robert Bodisch.Les troupes américaines se trouvaient, mardi vers 9 heures (7 heures à Paris), à moins d'un kilomètre du centre de Fallouja, selon un officier supérieur américain. "L'offensive est menée du nord au sud. Les troupes américaines se sont heurtées au début à une résistance, mais maintenant, il n'y en a presque plus. Les troupes se trouvent à moins d'un kilomètre du centre", a affirmé cet officier. Des habitants ont confirmé que les forces américaines ont pénétré d'au moins un kilomètre à l'intérieur de Fallouja et qu'elles ne sont pas loin du centre de la ville.Après le déluge de feu qui s'était abattu lundi peu après 18 heures (16 heures à Paris), marquant le lancement de l'offensive américano-irakienne pour prendre le contrôle de la ville, l'intensité des tirs de barrage d'artillerie avait diminué quatre heures plus tard.Les bombardements américains ont détruit une clinique du centre de Fallouja qui accueillait les blessés après la prise, lundi soir, du principal hôpital de la ville par les forces américaines et irakiennes, ont rapporté des habitants. Certains membres du personnel médical et des patients ont été tués dans la clinique. COMBATS DANS LE QUARTIER DE JOLANDes obus ont explosé mardi matin dans le centre de la cité sunnite, tandis que des violents combats se sont déroulés à l'aube dans le quartier nord-ouest de Jolan. Plusieurs centaines de marines auraient progressé dans ce quartier, sans pertes.Toutefois, selon un correspondant sur place de Reuters, un hélicoptère américain a été abattu mardi matin au-dessus de la ville. "J'ai vu l'hélicoptère atteint par un projectile. Il s'est transformé en boule de feu et a chuté", a déclaré Fadel Al-Badrani. "Nous sommes en train de les éliminer, a affirmé le commandant Todd Desgrosseilliers, officier des marines, au sujet des combattants irakiens, nous utilisons la bonne vieille méthode américaine de puissance de feu." Plus de vingt raids aériens ont été menés lundi sur le seul quartier de Jolan. Des hélicoptères de combat ont lâché des roquettes sur des immeubles d'où partaient des tirs.Les troupes américaines ont choisi de pénétrer dans la ville par le nord, tout en pilonnant le centre, où est retranché le gros des forces de la guérilla, a indiqué le lieutenant-colonel Patrick Malay. Au total quatre bataillons américains sont entrés lundi soir dans Fallouja. Les marines sont chargés de l'assaut coup de poing, tandis que les forces irakiennes seront utilisées pour saisir les armes et combattre les insurgés dans les rues et les ruelles.Cette opération menée par quelque 12 000 soldats américains et irakiens, selon un responsable du ministère de la défense américain, a été baptisée "Phantom Fury" par les Américains et "Opération Aube" par les Irakiens. L'assaut sur la ville rebelle a été lancé par 10 000 soldats américains et environ 2 000 Irakiens, a précisé un responsable du Pentagone sous le couvert de l'anonymat. Le renseignement américain estime que 2 500 combattants sont retranchés à Fallouja et que 10 000 autres pourraient les rejoindre. L'armée américaine a interdit à tous les hommes âgés de 15 à 50 ans d'entrer ou de sortir de la ville et des localités avoisinantes.UNE OPÉRATION DIFFICILEDès les premières heures de l'assaut, le secrétaire à la défense américain, Donald Rumsfeld, a déclaré à Washington lors d'un point presse que l'opération va être difficile et "prendre du temps".Tout a commencé par le feu vert donné par le chef du gouvernement irakien pour "nettoyer Fallouja des terroristes" et imposer un couvre-feu à la ville rebelle, située à 50 km à l'ouest de Bagdad, à partir de 17 heures. Peu après, un déluge de feu s'est abattu sur la ville et le ciel s'est embrasé. L'artillerie, l'aviation, les chars sont entrés en action et les projectiles sont tombés sur la ville, alors que les habitants se terraient chez eux. Les marines ont pénétré ensuite dans le quartier nord de Jolan et se sont emparés de la gare ferroviaire, a indiqué l'armée américaine."Vers 18 heures, quatre bataillons sont entrés à Fallouja et ont avancé d'un kilomètre à l'intérieur sur un front de 5 km", a indiqué un officier supérieur américain. Chaque bataillon, composé de marines et d'éléments de la cavalerie, compte environ 700 hommes. Des combattants de la guérilla étaient dans les rues, prêts à la bataille. Les mosquées lançaient par haut-parleurs des "Allah Akbar" ("Dieu est grand") et récitaient des sourates du Coran pour se donner du courage, a ajouté ce correspondant.VISITE D'IYAD ALLOUIJuste avant le déclenchement de l'offensive, le premier ministre irakien a rendu une visite surprise à ses troupes à l'extérieur de la ville. "La population de Fallouja est prise en otage (...) et vous devez les libérer de cette emprise", a affirmé M. Allaoui à l'adresse de ses troupes lors de la visite qui a duré près de trois heures. "Votre devoir est d'arrêter les meurtriers, mais si vous les tuez, soit", a-t-il ajouté.Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a appelé plusieurs capitales étrangères pour expliquer les raisons de l'offensive militaire sur la ville irakienne et promettre que le maximum serait fait pour épargner les civils. L'une des principales organisations religieuses sunnites du pays a émis une fatwa (avis religieux) condamnant toute participation irakienne à un assaut contre Fallouja.Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces américano-irakiennes s'étaient emparées préventivement du principal hôpital de la ville, situé à sa lisière ouest, et de deux ponts enjambant l'Euphrate, au sud-ouest. Des frappes américaines dans le centre ont tué douze personnes et en ont blessé vingt lundi matin, selon le responsable d'un dispensaire islamique.
