Annonce Face à la tentation indépendantiste de Taïwan, Pékin va introduire le recours à la force dans sa législation Washington a réagi en appelant le gouvernement du continent à reconsidérer le projet de loi "anti-sécession" que doit adopter l'Assemblée nationale populaire. Pékin de notre correspondant Un "chèque en blanc" à l'armée chinoise, une menace pour "la paix dans la région": Taïwan a réagi avec aigreur, mardi 8 mars, à la présentation attendue d'une "loi anti-sécession" devant les membres de l'Assemblée nationale populaire (ANP) à Pékin. Cette loi, qui doit être votée la semaine prochaine par les représentants du "Parlement" chinois devrait permettre à la République populaire de légitimer toute intervention contre Taïwan au cas où l'île "rebelle" oserait formellement déclarer une indépendance dont elle jouit de facto depuis 1949. L'un des vice-présidents de l'ANP, Wang Zhaoguo, a brossé, mardi, les grandes lignes de ce projet de loi devant les délégués de l'Assemblée, réaffirmant le principe dit d'"une seule Chine" et rappelant que Pékin se devait d'être "attentif" aux "visées sécessionnistes" de Taïwan. Le pouvoir chinois n'a en effet de cesse de dénoncer la "dérive indépendantiste" du président de l'île, Chen Shui-bian, qui réunit autour de lui les partisans d'un renforcement de la souveraineté taïwanaise à l'égard de la Chine continentale. Le texte final de la loi ne sera publié qu'à la fin de la session de l'ANP, mais les observateurs estiment que le discours de présentation de M. Wang démontre cependant un souci de modération des autorités chinoises, comme le remarque un diplomate occidental à Pékin. "L'usage de moyens non pacifiques pour défendre notre souveraineté et notre intégrité territoriale serait notre dernier recours si tous nos efforts en vue d'une réunification pacifique se révélaient vains", a insisté le vice-président de l'ANP. Quelques jours auparavant, un porte-parole de l'Assemblée avait déclaré que la loi n'est pas un "ordre de mobilisation pour la guerre" et qu'elle ne donnerait pas le signal d'un "usage de la force contre Taïwan". Tout porte ainsi à croire que Pékin, sous constante pression américaine sur la question taïwanaise, est désireux de mettre en avant sa volonté d'œuvrer pour "une réunification pacifique" avec l'île et d'adoucir le côté va-t-en-guerre de la loi. Au demeurant, la République populaire n'a pas besoin d'un tel recours législatif pour déclarer la guerre aux "frères ennemis" de Taïwan... Par ailleurs, le vice-président Wang Zhaoguo a réitéré que le "modèle "un pays, deux systèmes" est notre approche fondamentale" et s'applique donc à Taïwan dans la perspective d'une réunification à venir. Ce concept, mis en œuvre à Hongkong et Macao depuis la rétrocession des anciennes colonies britannique et portugaise, leur permet de jouir d'un statut particulier par rapport au continent mais n'empêche pas Pékin d'interférer dans le processus politique de ces "régions administratives spéciales". Une telle perspective a été rejetée, mardi, par un responsable taïwanais des relations avec la Chine : "Notre population n'acceptera jamais le principe "un pays, deux systèmes"", a déclaré Chiu Tai-san. Cependant, le quotidien taïwanais Lianhepao a révélé, dans son édition électronique de mercredi, que le texte du projet de loi ne fait pas explicitement référence au statut de Hongkong. ATTAQUE EN RÈGLE Les Etats-Unis, de leur côté, n'ont pas tardé à réagir, estimant, par la voix du porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, que cette loi n'allait pas "aider" au "réchauffement, perceptible ces derniers temps, des relations de part et d'autre du détroit de Taïwan". Le porte-parole a ajouté : "Nous appelons Pékin à reconsidérer l'adoption de cette loi", en affirmant que le projet consistait en un arsenal de "mesures punitives" contre l'île. Le ministre chinois des affaires étrangères, Li Zhaoxing, s'était auparavant lancé dans une attaque en règle contre les "forces étrangères" qui "n'ont aucun droit d'interférer" dans les questions de souveraineté nationale ; une allusion limpide à la déclaration commune de Washington et Tokyo qui, en février, ont proclamé que la question taïwanaise faisait partie de leur "objectif stratégique commun". C'était la première fois que le Japon et les Etats-Unis exprimaient ensemble leur anxiété sur les tensions dans le détroit de Formose. Fin février, le président taïwanais avait cependant montré une attitude plus conciliante à l'égard de Pékin en signant, avec l'un des chefs de son opposition, une déclaration laissant la porte ouverte à un futur de son pays négocié avec la République populaire. Et vendredi, à la veille de l'ouverture de la session de l'ANP, le président chinois, Hu Jintao, a adopté un ton plus modéré, après avoir conspué les "forces séparatistes"en œuvre à Taïwan. Il existe des "facteurs nouveaux et positifs" dans les relations entre le continent et l'île, a déclaré M. Hu, précisant qu'il notait "certains signes d'assouplissement" dans l'approche taïwanaise vis-à-vis de la Chine. Certains veulent voir dans cette déclaration, qui ne change rien sur le fond, un signe que la Chine n'exclut pas l'ouverture d'un dialogue avec le président taïwanais. Bruno Philip Hongkong : le chef de l'exécutif donné partant Des opposants démocrates du Conseil législatif de Hongkong ont réclamé, mercredi 9 mars, un débat parlementaire urgent sur les rumeurs insistantes qui évoquent la prochaine démission du chef du pouvoir exécutif, Tung Chee-hwa. Après avoir annoncé cette éventualité pendant une semaine, les principaux journaux locaux ont indiqué - en citant des sources non identifiées - que le départ de ce responsable impopulaire et favorable au pouvoir de Pékin devrait intervenir jeudi. Aucune confirmation n'est venue ni de Hongkong ni de Pékin. La nomination de M. Tung au poste de vice-président de la Conférence consultative politique du peuple chinois (une assemblée relevant des autorités centrales) est attendue samedi. Depuis que M. Tung a pris les rênes de Hongkong, après la rétrocession de la colonie britannique à la Chine en 1997, l'opposition demande l'élection au suffrage universel du chef de l'exécutif et du Conseil législatif. - (AFP, AP.)