Annonce Face à la pression, M. Borloo renonce à la location de chambres de moins de 9 m2Le gouvernement a renoncé, mercredi 15 juin, à autoriser la location de chambres de bonne de moins de 9 m2 pour les étudiants et les personnes défavorisées, cédant à la pression trois semaines après avoir annoncé ce projet très largement critiqué."Compte tenu des demandes d'un certain nombre de parlementaires et en l'absence de toute prise de position réitérée de la part des différents organismes à la demande desquels était prévu le dispositif, le gouvernement ne modifiera pas le minimum de surface de 9 m2 définissant un logement décent", a annoncé, dans un communiqué, le ministère de l'emploi et du logement.Le projet, présenté le 25 mai en conseil des ministres, avait été inséré dans le texte de loi sur les services à la personne pour entrer en vigueur plus rapidement. Il prévoyait d'autoriser la location de chambres entre 7 m2 et 9 m2, avec un bail écrit donnant droit à des allocations logement.Les ambitions affichées étaient de faire diminuer la crise du logement en mettant sur le marché "au moins 2 000 logements à Paris".LOGEMENTS AU RABAISMais cette réforme avait immédiatement déclenché une levée de boucliers politiques, syndicaux et associatifs. "Logements au rabais", "supercherie", "indécence", ont dénoncé les opposants au projet, malgré les contre-feux gouvernementaux assurant la "salubrité" et la mise en place de "garde-fous".Une quinzaine d'associations avaient annoncé qu'elles manifesteraient, jeudi, devant l'Assemblée nationale en signe de protestation pendant l'examen du texte."La décision de retirer cette mesure me paraît raisonnable, ce n'était pas une mesure digne, ni une bonne réponse à la crise du logement", a déclaré Patrick Doutreligne, délégué général de la fondation Abbé Pierre. "On revenait cinquante ans en arrière. Pourquoi pas, comme en Grande-Bretagne, autoriser les locations de 5 m2 ?", a-t-il demandé."C'est une petite victoire pour les mal-logés et les associations qui se sont mobilisées contre ce projet dégradant", a affirmé Jean-Baptiste Eyraud, président de Droit au logement, ajoutant que le rassemblement prévu était annulé.Dans l'entourage de M. Borloo, on justifie ce recul par le manque de soutien affiché par ceux qui étaient au départ demandeurs. "On a débouché sur des malentendus, et ceux qui étaient demandeurs n'on pas fait preuve des encouragements attendus", assure-t-on."La concertation doit maintenant être rouverte", selon le communiqué de M. Borloo, sans aucune précision de calendrier. "Mais il est clair que la mesure ne sera pas effective pour la rentrée universitaire", précise le ministère.Ces locations étaient réservées aux étudiants et aux personnes en difficulté. Elles devaient se faire par l'intermédiaire d'un Crous (Conseil régional des œuvres universitaires) et, pour les personnes très défavorisées, par le biais d'associations.L'UNEF et la FAGE, les deux principaux syndicats étudiants, se sont déclarés "satisfaits" du retrait.Le projet prévoyait également deux autres mesures, dont une est aussi supprimée : les locataires de HLM ne pourront pas recourir à la sous-location pour louer les pièces non utilisées.En revanche, la réduction de douze à neuf mois de la durée des baux de logements meublés pour étudiants, afin de se caler sur les années universitaires, sera examinée, jeudi, par le biais d'un amendement du député UMP Jean-Louis Léonard (Charente-Maritime).
