Scandale F1 : le Grand Prix d'Indianapolis tourne au fiascoLe Grand Prix des Etats-Unis de formule 1, dimanche 19 juin, a tourné à la farce avec seulement six monoplaces au départ après une polémique sur la sécurité des pneumatiques. Dans ces conditions, la première victoire de la saison du champion du monde allemand Michael Schumacher au volant de sa Ferrari fait figure d'anecdote.Les quatorze voitures chaussées de pneus Michelin sont toutes rentrées au stand après le tour de formation, laissant les six voitures équipées de pneus Bridgestone seules au départ. Deux Toyota avaient été victimes d'accidents lors des essais libres de vendredi après une défaillance subite de leurs pneus Michelin.Seules les Ferrari, les Jordan et les Minardi ont pris part à la course. De nombreux spectateurs ont quitté aussitôt le circuit d'Indianapolis, laissant les Ferrari filer vers la victoire. Certains sont restés pour huer le famélique spectacle qui leur était proposé et lancer des projectiles sur la piste.Schumacher, qui aurait préféré un autre scénario pour renouer avec la victoire, l'a emporté devant son coéquipier brésilien Rubens Barrichello, le Portugais Tiago Monteiro prenant sur Jordan une troisième place aussi inespérée que dénuée de signification."Cela va laisser un goût amer dans la bouche des gens pendant longtemps", a déploré le Britannique David Coulthard à la chaîne de télévision britannique ITV. "Franchement, c'est embarrassant pour un pilote de se retrouver dans cette situation, a ajouté le pilote Red Bull. Le problème est que des gens adultes n'ont pas réussi à proposer à tous un spectacle. C'est un jour très triste pour la course automobile."PAS DE CHICANE Toutes les écuries sauf Ferrari avaient posé comme condition à leur participation l'installation d'une chicane supplémentaire pour ralentir les risques d'accident provoqués par des défaillances possibles des pneumatiques Michelin. Les instances dirigeantes de la F1 ont refusé la proposition, et la situation restait confuse jusqu'au départ. Michelin avait prévenu les écuries qu'elle ne donnerait son accord à l'utilisation de ses pneus pendant la course que si une chicane réduisant l'usure des pneus était installée."C'est très frustrant pour toute l'équipe, pour les pilotes et pour la F1 en général, en particulier ici, devant le public américain", a déclaré Jarno Trulli, qui avait réalisé le meilleur temps des essais au volant de sa Toyota."Mais on ne pouvait pas éviter cette situation, a ajouté l'Italien. Nous étions en danger et nous le savions. Il était clair que les voitures chaussées de pneus Michelin ne pouvaient pas participer à la course."Tout a débuté vendredi avec les accidents de deux Toyota. L'Allemand Ralf Schumacher, notamment, a perdu le contrôle de sa voiture lorsqu'un pneu s'est subitement dégonflé à l'entrée de la ligne droite des stands. PROBLÈME DE RÉGLEMENTATION Michelin, qui fournit sept des dix écuries du plateau, dont Renault et McLaren, a dit ne pas connaître la cause exacte de ces accidents et conseillé aux écuries de ne pas utiliser en course les mêmes pneus que lors des essais. Le problème est que la réglementation en vigueur oblige les écuries à utiliser les mêmes pneus lors des essais et en course.La Fédération internationale de l'automobile a réagi en prévenant les écuries qu'elles s'exposeraient à des sanctions si elles changeaient de pneus. Michelin a tout de même acheminé de nouveaux pneus, mais ceux-ci ont subi des tests négatifs. Il ne restait plus alors que la solution de la chicane.Le grand patron de la F1, Bernie Ecclestone, qui tente depuis des années d'enraciner la F1 sur un marché américain réticent, sera sous pression après cette affaire, même s'il a désigné Michelin comme le principal responsable."Vous ne pouvez pas dire à des gens de faire quelque chose si l'entreprise qui leur fournit les pneus leur dit de ne pas les utiliser", a-t-il dit. Pressé de dire comment se présentait l'avenir de la F1 aux Etats-Unis et l'avenir de Michelin en F1, Ecclestone a répondu."Pas bien, sur les deux fronts." Dans un communiqué conjoint, les sept écuries qui ont dû renoncer au départ ont pour leur part regretté "profondément la position qu'elles ont été obligées de prendre" , et tenu à"présenter leurs excuses à tous les spectateurs, téléspectateurs, aux amateurs de formule 1". Michelin a déploré "que [ses] suggestions, proposées en accord avec [les] écuries partenaires, n'aient pas été adoptées". Le fabricant français a voulu se défendre en assurant que "si [ses] idées avaient été suivies, [on aurait] pu garantir la sécurité des pilotes, la participation [des] écuries et augmenter l'intérêt du public".
