Victoire Exploit du robot Stanley dans le Nevada ROBOTIQUE Une Volkswagen Touareg automatisée a parcouru 220 km dans le désert en moins de sept heures, sans aide extérieure. Cyrille Vanlerberghe [11 octobre 2005] STANLEY, le robot de l'université de Stanford, a remporté samedi le Darpa Grand Challenge, une course de 220 km dans le désert du Nevada, décrochant au passage le prix de 2 millions de dollars promis au vainqueur par la Darpa, l'agence de recherches avancées du département américain de la Défense. Stanley est un 4 x 4 Volkswagen Touareg R5 diesel proche d'un véhicule de série, dont le conducteur a été remplacé par un réseau de sept ordinateurs, regardant le monde extérieur par l'intermédiaire de capteurs lasers et d'un radar. Avec plus de temps pour se préparer et en tirant partie des erreurs de la précédente tentative, les équipes ont su relever le défi de faire fonctionner un engin en autonomie totale – sans commande extérieure autorisée – sur des terrains variés.L'année dernière, le meilleur des quinze concurrents avait fait un tonneau après seulement 12 kilomètres de course. Cette année, avec plus de préparation, cinq des 23 concurrents ont réussi l'exploit de franchir la ligne d'arrivée. Samedi, sur les cinq véhicules à l'arrivée, quatre sont passés au-dessous de la barre limite de 10 heures fixée par les organisateurs de la Darpa. Mais c'est Stanley, avec un temps de parcours de 6 h 53 qui décroche la victoire, avec dix minutes d'avance sur le deuxième, Sandstorm, le Hummer de l'université Carnegie Mellon. A dessein, l'environnement désertique du défi était proche de ce que les troupes américaines rencontrent en Irak et en Afghanistan. Le franchissement d'un col de montagne Le passage le plus dur, qui a mis en échec la plupart des participants, était le franchissement d'un col de montagne, qui ressemblait étrangement à certains reliefs afghans. Le but officiel de l'épreuve est de mettre au point des véhicules de ravitaillement des troupes automatisés pour réduire les risques d'embuscade lors des conflits. Les militaires ne sont pas les seuls intéressés par ce genre de technologie. Sebastian Thrun, l'Allemand à la tête de l'équipe de Stanford, prédit ainsi qu'à l'avenir toutes les voitures se conduiront toutes seules. «Dans un environnement simplifié comme une autoroute, où on considère que tout le monde roule dans le même sens, on sait déjà faire des convois de voitures automatisées qui suivent les lignes blanches», explique Raja Chatila, directeur de recherche au laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS à Marseille. Mais dans un environnement hautement chaotique et variable comme une ville, la difficulté est bien plus grande. En revanche, grâce à leurs détecteurs d'obstacle déjà installés dans les pare-chocs, les voitures haut de gamme ne sont plus loin de savoir faire des créneaux toutes seules. Reste à savoir si les constructeurs automobiles sont prêts à affronter les problèmes juridiques qui ne manqueront pas de surgir lors du premier accident. Qui sera responsable, le conducteur ou sa voiture ?