Condamnation Etats-Unis: «BTK» dix fois condamné à vie Ce sexagénaire bien sous tous rapports et tueur en série n'a rien caché du détail de ses crimes au cours des deux mois qu'a duré son procès. on père de famille, admirable chef scout, président de sa paroisse et serial killer, l'Américain Dennis Rader a été condamné jeudi à dix peines de prison à vie. Une pour chacune de ses victimes. Après deux mois de procès, le tribunal de Wichita, au fin fond du Kansas, a ainsi mis un point final à la carrière de «BTK» - «Bind, Torture, Kill» (ligoter, torturer, tuer)- le nom de crime que cet ancien employé d'une compagnie de sécurité s'était donné. A 60 ans, BTK n'aura pas le droit à la liberté conditionnelle et s'il échappe à la peine de mort, c'est que le Kansas l'avait abolie au moment de son dernier assassinat, en 1991. Au cours des audiences, BTK a tout avoué et avec force détails. Son premier meurtre, en 1974: les époux Otero et leurs deux enfants, étranglés. «Je n'avais jamais étranglé quelqu'un, alors je ne savais pas du tout quelle pression il fallait mettre sur la personne ni combien de temps cela prendrait», a expliqué le sexagénaire au front dégarni et moustachu d'une voie monocorde en s'arrêtant brièvement de temps à autre pour boire une gorgée d'eau. Il a longuement raconté comment il déjouait la méfiance de ses victimes pour s'introduire chez elles en prétendant être réparateur de téléphone ou détective privé. Il a dit «la force du mal», «les démons» qui le contrôlaient pendant ses crimes. Il a parlé des points communs qui le rattachaient à ceux qu'il tuait. L'une aimait les chiens, l'autre le dessin et la poésie, un couple s'adonnait au jardinage «comme moi». Il a expliqué qu'un tueur en série passait par différentes phases, la recherche du gibier, appelé «projet» et numéroté, puis sa traque. Puis la revendication des meurtres, par des lettres envoyées aux médias. Sa dernière missive à une chaîne de télévision a permis son arrestation en avril 2004. Citant la Bible, pleurant et se mouchant, Dennis Rader a aussi demandé pardon aux familles de ses victimes. «Aujourd'hui est le jour de mon jugement dernier» a-t-il lancé. Et il ajouté: «Il n'y a aucun moyen pour que je puisse jamais réparer.» Dans la salle du tribunal, ces propos n'ont ému personne. Pour les familles, BTK est un «monstre», «le diable», «un prédateur», «un animal enragé». Le fils de sa dernière victime a compté les jours entre l'assassinat de sa mère et le verdict: 5326.