annonce Etam tourne sa sombre page britannique et repart sur de nouvelles bases PARIS (AFP) - Le distributeur de prêt-à-porter Etam, plombé depuis des années par ses difficultés en Grande-Bretagne, a finalement vendu sa filiale britannique à l'homme d'affaires Philip Green et repart sur de nouvelles bases, même s'il n'est pas totalement sorti d'affaires.La filiale britannique d'Etam, Etam plc, avait affiché 31,7 millions d'euros de perte d'exploitation en 2004, tirant l'ensemble du groupe dans le rouge: la perte nette consolidé avait atteint 61 millions d'euros l'an dernier.Depuis son rachat en 1998, Etam plc a cumulé 100 millions d'euros de pertes, en raison de loyers commerciaux très élevés et de son échec à conquérir un marché britannique extrêmement concurrentiel.L'acquéreur, Philip Green, qui a déjà racheté en 2002 plusieurs enseignes (Top Shop, Burton, Dorothy Perkins, Evans), aurait acheté Etam plc et ses 213 magasins (pour 251 millions de chiffre d'affaires) pour 10 millions de livres, soit 14,6 millions d'euros, selon des sources industrielles.C'est également lui qui faillit racheter Marks and Spencer en proposant 9 milliards de livres.Les analystes financiers ont accueilli l'annonce comme une bonne nouvelle. Etam "se retire une épine du pied", a résumé Alexandre Cornu, analyste chez Aurel Leven. "La somme de 15 millions d'euros est satisfaisante compte tenu des difficultés opérationnelles du groupe", selon lui.Le titre a d'ailleurs bondi de près de 7% vendredi, à 24,50 euros, juste après la confirmation par M. Green de son rachat d'Etam.La décision a été longue à prendre pour Etam, qui a racheté l'activité britannique en 1998 pour 93 millions d'euros. Le groupe français a essayé pendant plusieurs années de redresser la barre avant de se jeter l'éponge.Mais l'opération "ne résout pas tous les problèmes" d'Etam, qui subit rude concurrence en Europe continentale dans un marché bouleversé par la fin des quotas chinois, a souligné M. Cornu.La semaine dernière, Pierre Milchior, avait présenté des comptes recalculés comme si la filiale britannique était déjà vendue, en ôtant tous les coûts induits (provisions, écarts d'acquisition, pertes d'avantages financiers).Purgée d'Etam plc, le groupe en 2004 aurait présenté une voilure réduite, avec 795 millions d'euros de ventes au lieu des 1,047 milliard d'euros publiés, mais un bénéfice net de 13,5 millions au lieu d'une perte de 61,1 millions.Pourtant, même ainsi, sa rentabilité nette n'est que de 2%, très inférieure à ses concurrents comme Camaieu, qui en 2004 a engrangé un bénéfice net de 10% de son chiffre d'affaires (41 millions sur 393,3 M EUR de ventes).De plus, Etam hors Grande-Bretagne a vu son résultat net réduit de 67% en 2004, à cause surtout des coûts de l'ouverture de 520 points de vente en Chine.La semaine dernière, les dirigeants dont le nouveau directeur général exécutif, Richard Simonin (ancien patron des grands magasins Harrod's à Londres et de La Redoute), ont expliqué vouloir maintenant se concentrer sur l'Europe continentale (90% des ventes) et la Chine (10%).Etam a développé une modèle original en Chine, en y mettant sur pied un bureau d'achat spécialement dédié à la fabrication de produits bon marché sur des modèles conçus exclusivement pour la Chine, vendus ensuite dans ses 1.600 "corners" chinois. "Notre rentabilité en Chine est meilleure qu'en France, car les coûts d'exploitation n'ont rien à voir", avait expliqué la direction.M. Milchior, qui avec sa soeur contrôle ce groupe en commandite, avait aussi indiqué que les deux premiers mois de 2005 avaient connu un démarrage difficile mais notait un redressement depuis la mi-mars avec la nouvelle collection.Démarré d'une unique boutique de bas en Allemagne en 1916, Etam est l'un des dix premiers distributeurs textiles européens avec ses marques Etam, 1.2.3. et Tammy. Fin 2004, il comptait 2.820 points de vente dans une quarantaine de pays, dont 1.166 en Chine (des "corners" dans des centres commerciaux), 630 en France, 213 au Royaume-Uni, 96 en Belgique, 67 en Espagne, 28 en Allemagne et 21 en Italie, ainsi que 79 franchises internationales.
