Découverte Espace. Les infrarouges d'une exoplanète ont été détectés pour la première fois.L'avis de lumière d'une planète hors du système solaireD209458 est une star chez les étoiles. Logée dans la constellation de Pégase, elle collectionne les oscars. Aujourd'hui, sa planète HD209458b est à l'honneur dans Nature. L'équipe américaine conduite par Drake Deming a détecté la lumière infrarouge émise par cette Jupiter-like, une grosse et chaude planète gazeuse. Une découverte américaine similaire, conduite par David Charbonneau, sera prochainement publiée dans l'Astrophysical journal.HD209458b fait l'objet de tant d'attentions qu'elle a reçu un petit nom. Osiris est la première planète hors du système solaire surprise à passer devant son étoile (1999). Deux ans plus tard, la première dont on observe l'atmosphère, avant de devenir, sous l'égide d'Alfred Vidal-Madjar (Institut d'astrophysique de Paris-CNRS), la première exoplanète qui «fuit», surchauffée par la proximité de l'étoile (Libération du 13 mars 2003). Vidal-Madjar (1) lui a aussi décerné l'an dernier le titre de première exoplanète dont l'atmosphère porte la signature de l'oxygène et du carbone.Méthode. Trop froides comparées aux étoiles, les planètes n'émettent pas de lumière visible. La faible lueur qu'elles renvoient se noie dans la brillance de leur étoile. La méthode favorite des chercheurs pour dénicher ces planètes consistait donc à observer l'infime baisse de luminosité qui se produit lorsqu'elles passent devant leur astre, pour celles qui le font. Une manière d'observer l'«ombre» de ces exoplanètes. Mais cette fois, les chercheurs ont vu la lumière !Cousines. «La méthode est d'autant plus fabuleuse qu'elle est simple», commente Alfred Vidal-Madjar. L'équipe de Deming a comparé ce qu'un télescope reçoit quand la planète est devant l'étoile à ce qu'il capte quand elle passe derrière. Si la planète rayonne, la différence entre les deux mesures provient de sa lumière propre. D'où l'intérêt porté par les chasseurs de planètes à Osiris et à ses chaudes cousines. Car pour irradier l'espace, il faut être hot... Osiris, comme la planète TRES-1 observée par l'équipe de Charbonneau, est proche de son astre, qui l'échauffe fortement. Deming a choisi l'infrarouge lointain mesuré par le télescope spatial Spitzer de la Nasa, tandis que presque au même moment Charbonneau pointait un autre instrument de Spitzer, dans le proche infrarouge, vers une autre planète.La chasse aux exoplanètes est palpitante. La première n'a été repérée qu'en 1995, et aujourd'hui plus de cent trente figurent au catalogue. Dont sept sont des planètes de transit susceptibles d'être étudiées de la sorte. «On pourra détecter d'autres éléments chimiques et sonder la structure des atmosphères», prédit Vidal-Madjar. Ou affiner les images des planètes. Par exemple, en voir une moitié quand la planète disparaît derrière son astre, et l'autre quand elle réapparaît de l'autre côté. «Une sorte d'image à deux pixels...»
