Annonce Espace : la capsule qui tombe à pic - Scénario hollywoodien pour la sonde Genesis : un pilote d'hélicoptère spécialisé dans les cascades l'interceptera mercredi après sa rentrée dans l'atmosphère. C'est qu'elle transporte quelques micro-grammes d'un précieux chargement... Sur grand écran, le retour sur Terre de la sonde Genesis aurait fait rouler des yeux jusqu'au plus passionné des films d'action américains. Imaginez la scène : après trois années dans l'espace, l'engin regagne la planète bleue et éjecte une capsule qui pénètre dans l'atmosphère, au-dessus de l'Utah, aux Etats-Unis. Avant qu'elle ne touche le sol, un hélicoptère l'intercepte en plein ciel. Incroyable… mais vrai.Le contenu de la capsule justifie à lui seul cette opération délicate. Lancée en 2001, Genesis a parcouru 32 millions de km entre la Terre et le Soleil pour capturer des poussières solaires. Entre 10 et 20 micro-grammes, très exactement. Ces particules permettront d'en savoir plus sur la formation de l'astre et des planètes qui l'entourent. Ce sera également la première fois que des échantillons extraterrestres seront ramenés — volontairement — sur Terre depuis les roches lunaires emportées par les équipages américains et soviétiques.Cinq tentativesL'attente de la communauté scientifique est proportionnelle à la rareté du chargement. La NASA n'a donc pas voulu courir de risque. Pas question que la capsule s'écrase au sol et que son précieux contenu soit détérioré, voire perdu. L'agence spatiale américaine a fait appel à des pilotes d'hélicoptère habitués à des missions difficiles. En l'occurrence, Cliff Fleming et Dan Rudert ont déjà réalisé des interventions lors de feux de forêts mais aussi à l'occasion de tournages de films comme Batman, XXX ou Hulk. Leur mission : récupérer la capsule en vol. Entré dans l'atmosphère vers 18h (heure française) à 40.000 km/h, l'engin verra sa progression ralentie par un parachute qui s'ouvrira à 6,1 km d'altitude. A 2,8 km d'altitude, deux hélicoptères viendront à sa rencontre. Chacun sera équipé d'une perche d'environ six mètres terminée par un crochet pour agripper le parachute. Si le premier pilote manque sa cible, le second prendra le relais quelques centaines de mètres plus bas. L'un comme l'autre pourront effectuer cinq tentatives. Et, contrairement au cinéma, aucun trucage avec effets spéciaux ne sera possible.Des chercheurs français impliquésDans un communiqué, le Centre national d'études spatiales (CNES) précise jeudi qu'il participe à l'aventure Genesis en finançant "les travaux de l'équipe de Bernard Marty (Centre de recherches pétrographiques et géochimiques, CNRS, Nancy), l'une des meilleures au monde pour effectuer des analyses nécessitant une très grande sensibilité dans des conditions d'extrême propreté (...) notamment la mise au point du dispositif d'analyse des atomes d'azote avec l'acquisition d' un laser dans l'ultraviolet pour abraser la surface de la cible sur des faibles épaisseurs".GENESIS a pour objectif d'analyser la composition précise (élémentaire et isotopique) du soleil et a collecté pour cela des ions du vent solaire d'azote, de silicium, d'or, de saphir et de diamant. Or les ions du soleil se trouvent enfouis dans les cibles à de très faibles profondeurs (1 dixième de micromètres), aussi leur analyse nécessite-t-elle des dispositifs très performants compte tenu de la très faible quantité de matière à analyser. Une fois effectuées, les analyses sur les différents composants rapportés par Genesis permettront d'établir la carte d'identité du Soleil ! Une belle avancée dans la connaissance de notre univers et de ses origines.
