Visite Escale parisienne pour le Premier ministre indienIl entend obtenir un soutien français sur le dossier du nucléaire civil.n route pour la 60e Assemblée générale des Nations unies, qui se tiendra cette semaine à New York, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, est arrivé hier soir à Paris pour une série d'entretiens de haut niveau, notamment avec Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Une escale de vingt-quatre heures qui vise à souligner l'aspect «stratégique» des relations franco-indiennes, même si Paris garde le rapprochement indo-américain des dernières années quelque peu en travers de la gorge.Afin de rassurer ses hôtes, Manmohan Singh, au pouvoir depuis l'an dernier, a d'ailleurs soigneusement préparé le terrain. La semaine dernière, il a personnellement annoncé l'achat de 43 Airbus par la compagnie nationale Indian Airlines, pour 2,2 milliards de dollars, un dossier qui traînait depuis plus de trois ans et commençait à irriter les autorités tant européennes que françaises. Selon une rumeur persistante, un autre contrat, portant, lui, sur l'achat de six sous-marins Scorpène, aurait été bouclé ces derniers jours, après deux ans et demi de tergiversations. Estimé à environ 2 milliards de dollars, l'accord, qui prévoit aussi la fourniture de 36 missiles SM-39 (Exocet), devrait être officiellement annoncé durant la visite.De son côté, Manmohan Singh attend que la France réitère son soutien à la candidature indienne pour un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, dont il a plus que jamais besoin à la veille de la grand-messe new-yorkaise. Une formalité, a priori, puisque les deux pays entretiennent un «partenariat stratégique» depuis 1998 et que Paris s'est déjà dit en faveur de l'élargissement du Conseil à quatre nouveaux venus : l'Allemagne, le Japon, le Brésil et l'Inde.Dossier plus délicat : Singh devrait aussi tâter le terrain sur la question d'une éventuelle coopération dans le domaine du nucléaire civil. En plein essor économique, l'Inde, qui importe actuellement 70 % de ses ressources en pétrole, est en effet de plus en plus inquiète face à la flambée du prix du baril et souhaite donc développer ses centrales nucléaires. Problème : bien qu'elle soit une puissance nucléaire déclarée depuis 1998, elle n'a jamais ratifié le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), ce qui lui interdit normalement l'assistance des Etats membres du Groupe de fournisseurs nucléaires (NSG), dont la France fait partie.Mais, en juillet, Singh a remporté une victoire inattendue en obtenant du président américain George W. Bush qu'il demande au Congrès de lever les sanctions imposées contre New Delhi, afin de permettre une coopération dans ce secteur. Sachant que Paris avait salué cet accord, l'Inde considère la France comme un allié potentiel pour faire campagne en sa faveur au sein du NSG sur ce dossier particulièrement sensible. D'autant que la France, qui partage la vision indienne d'un «monde multipolaire», avait été l'un des rares pays occidentaux à ne pas avoir sanctionné New Delhi lors de ses essais nucléaires-surprises, en 1998.
