Procès Entre dix et douze ans de prison requis contre Charles PieriEntre dix et douze ans d'emprisonnement ont été requis jeudi 8 décembre en appel contre le leader nationaliste corse Charles Pieri, pour avoir mis en place "un système" de malversations en lien avec une entreprise terroriste.L'avocat général Jean-Claude Thin a demandé à la cour d'appel de Paris de confirmer ou d'alourdir la peine prononcée en première instance en mai, lorsque Charles Pieri, 55 ans, avait été condamné à dix ans d'emprisonnement.Au cours d'un très long réquisitoire reprenant en grande partie l'ordonnance de renvoi, l'avocat général a dénoncé le "système Pieri". Mis en place par Charles Pieri entre sa sortie de prison en mai 2002 jusqu'à son arrestation fin 2003, il consistait dans la prise de contrôle d'un réseau de sociétés pour financer son train de vie, celui de ses proches et le FLNC-Union des combattants, mouvement terroriste dont il est considéré comme le chef.L'avocat général a décrit "des structures animées par des proches de Charles Pieri, alimentées par des fonds illicites, ou destinées à des fins illicites". Il a cité le magazine indépendantiste U Ribombu, qui servait à "recueillir des fonds" à travers des encarts publicitaires payés par des sociétés contrôlées par Charles Pieri ou "par d'autres très fortement sollicitées".CHARLES PIERI, "LE BOSS, LE PATRON" DU SYSTÈMELe représentant du parquet général a évoqué "l'aspect familial" de la composition du capital de la société Corse Gardiennage Services, s'étonnant par exemple que la fille de Charles Pieri en soit la directrice commerciale.L'entreprise Corse Nettoyage Entretien n'était, selon l'accusation, qu'une "coquille vide" où Charles Pieri, mais aussi celui qui est considéré comme son principal "lieutenant", Charles-Philippe Paoli, percevaient des salaires de directeur commercial et directeur du personnel "sans lien avec une quelconque activité". De sept à huit ans d'emprisonnement ont été réclamés contre Charles-Philippe Paoli, condamné à sept ans en première instance.L'avocat général a de plus affirmé que l'Hôtel du Golfe, situé à Saint-Florent (Haute-Corse), a été géré de manière "douteuse" par Charles Pieri et ses proches : "On vit sur la structure et on la vide avec un comportement de prédateur", a-t-il dénoncé.Le club de football du Sporting-Club de Bastia a été victime de "rétrocommissions occultes" en lien avec des transferts de joueurs.M. Thin a également cité le cas d'un hypermarché de Bastia vidé de marchandises pour un montant impayé de 35 000 euros. Il a cité le témoignage contenu dans le dossier de l'épouse de Charles Pieri racontant que "la seule présence de [son] mari suffisait à faire remplir les Caddies".Pour l'accusation, M. Pieri est "le boss, le patron" de ce système et personne ne peut croire qu'il soit, comme il l'a prétendu à l'audience, "un simple militant" nationaliste.Le procès en appel doit s'achever vendredi avec les plaidoiries de la défense.
