Crise En Thaïlande, Thaksin Shinawatra menace d'imposer l'état d'urgenceLe premier ministre thaïlandais, Thaksin Shinawatra, a menacé, mardi 14 mars, de décréter l'état d'urgence à Bangkok alors que des dizaines de milliers de manifestants - 70 000 selon la police, l'opposition en attendant au moins 100 000 - se rassemblaient autour du palais du gouvernement en réclamant, dans le calme, sa démission.Dans un discours de campagne électorale, prononcé à Ubon Ratchathani (Nord-Est), M. Thaksin a indiqué que le décret était "prêt". Il s'est montré déterminé à le signer, "si nécessaire", en cas de "violences". Le premier ministre a argué que des violences s'étaient produites dans le passé et que les instigateurs se trouvaient parmi les manifestants qui convergeaient en milieu de journée autour du périmètre gouvernemental de la capitale.La coordination des manifestants, l'Alliance du peuple pour la démocratie, a annoncé un "siège pacifique" du gouvernement jusqu'à ce que M. Thaksin, accusé de prévarication et d'autoritarisme, se démette. Entre les pancartes réclamant son départ et les drapeaux jaunes - couleur du trône - se lisaient d'insistants appels à la non-violence. Parmi les agitateurs visés par M. Thaksin, se trouve Chamlong Srimuang, l'un des responsables de la secte bouddhiste rigoriste Santi Asoke, qui a appelé les manifestants à provoquer des embouteillages tout autour du quartier des instances officielles. M. Chamlong, un ancien gouverneur de Bangkok, avait pris la tête d'un mouvement populaire réprimé par l'armée en 1992. Il a écarté toute possibilité de négociation.UN MESSAGE EN VIDÉOLes deux camps - le premier ministre s'appuie sur son électorat rural ; l'opposition recrute dans la classe moyenne de Bangkok et chez les fonctionnaires - se prévalent d'un message indirect largement diffusé, dimanche soir, pour appuyer la demande d'une conciliation déjà formulée par le roi Bhumipol Adulyadej. Le message a pris la forme d'une vidéo de quinze minutes montrant le monarque en train d'admonester, le 20 mai 1992, M. Chamlong et le premier ministre militaire de l'époque, le général Suchinda Krapayoon. Tous deux à genoux, ils avaient été vigoureusement encouragés à trouver un arrangement ramenant l'ordre. Toutes les chaînes de télévision ont diffusé simultanément la vidéo. M. Thaksin a déclaré qu'elle émanait du palais, qui a démenti.Les espoirs d'arrangement dans la crise politique en cours depuis l'automne 2005 - que M. Thaksin avait cru désamorcer en convoquant des élections anticipées pour le 2 avril - ont été perturbés. Notamment quand une bombe a explosé le 9 mars, sans faire de victime, devant le domicile du chef du Conseil privé du roi, le général Prem Tinsulanonda, un ex-premier ministre passant pour être chargé d'une médiation.Les manifestants appellent à boycotter l'empire financier fondé par le premier ministre, homme d'affaires devenu politicien, en particulier sa firme de téléphonie mobile, la plus grosse du pays.Celle-ci a été vendue dans la cession des parts du groupe Shin Corp. par les enfants du premier ministre à l'organe d'investissements financiers du gouvernement singapourien, la Temasek. La direction de cette holding est assurée par Mme Ho Ching, l'épouse du premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong. MM. Thaksin et Lee avaient finalisé la transaction, d'un montant de 1,55 milliard d'euros, lors de la soirée de Noël en 2005 passée à Singapour avec leurs familles. Les enfants de M. Thaksin sont accusés d'avoir échappé au fisc grâce à la structure financière de la transaction.
