Annonce En RDC, la répression de manifestations aurait fait dix mortsSelon Jean-Pierre Bemba, un des quatre vice-présidents de la RDC, dix personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées, jeudi 30 juin à Kinshasa et dans d'autres villes de la République démocratique du Congo. La police, qui fait état d'un même bilan, a réprimé une série de rassemblements de l'opposition contre la prolongation de la transition, qui devait s'achever le jour même."Nous devons regretter dix morts sur l'ensemble du territoire de la République démocratique du Congo", a déclaré Jean-Pierre Bemba. Ce bilan est le même que celui établi par l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), premier parti d'opposition en RDC, qui dénonce une "répression disproportionnée"."A Kinshasa, six personnes ont été tuées, dont une dame se trouvant dans sa parcelle, à Kasa-Vubu (centre de la capitale). Elle a été abattue presque à bout portant par des policiers qui recherchaient des combattants de l'UDPS", a notamment précisé Me Joseph Mukendi, conseiller politique du président de l'UDPS, Etienne Tshisekedi."TIRS À BALLES RÉELLES"Selon l'inspection générale de la police nationale - qui avançait jeudi soir un bilan provisoire de huit morts sur toute la RDC -, trois personnes ont été tuées à Kinshasa, dont un enfant de 10 ans qui "a pris une balle perdue" dans le quartier de Matete, ainsi qu'un homme et une femme à Kasa-Vubu.A Tshikapa, au Kasaï occidental (centre), la répression d'un rassemblement de militants de l'UDPS a fait entre deux et trois morts. A Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï oriental (centre), trois personnes ont été tuées au cours d'une tentative d'évasion à la prison centrale de la ville dans la nuit de mercredi à jeudi, selon la police. De son côté, l'UDPS a avancé un bilan de quatre victimes. De nombreux blessés ont été acheminés dans différents hôpitaux et cliniques de la ville, a-t-on appris de sources hospitalières et auprès de la mission de l'ONU en RDC (Monuc). La situation est progressivement revenue au calme dans l'après-midi à Kinshasa, où près de 5 000 policiers étaient déployés. Les rassemblements ont été systématiquement dispersés et sont restés cantonnés aux quartiers où ils avaient débuté. Le général Benjamin Alongabony, adjoint au chef de la police nationale, a indiqué que les forces de l'ordre utilisaient majoritairement des armes non létales (grenades lacrymogènes, matraques, balles plastiques) mais que parfois, les policiers, "très nerveux", avaient "tiré à balles réelles"."FIN DE LA TRANSITION" ET "DÉPART DE KABILA"Dès le matin, des groupes de militants de 100 à 300 personnes s'étaient formés dans différents quartiers de la ville pour répondre à l'appel de l'UDPS, opposée à la prolongation de la transition lancée en 2003 en RDC et dont la fin, prévue au jeudi 30 juin, a été repoussée à décembre 2005.La "marche pacifique" de l'UDPS, qui réclame le départ des dirigeants actuels de la RDC, n'a pas été autorisée par les autorités, qui y voyaient "une remise en cause, illégale, du processus de transition".Les manifestants, essentiellement des jeunes gens, brandissaient des drapeaux blancs et des pancartes proclamant la "fin de la transition" et réclamant à travers la formule "1 + 4 = 0" le départ du président Joseph Kabila et des quatre vice-présidents de la RDC.La police a estimé à environ 2 000 le nombre total de manifestants dans la capitale congolaise, une mégapole de plus de 6 millions d'habitants. "Nous avons dû réprimer une manifestation illégale, il n'y avait pas d'autre choix que de bloquer les manifestants", a déclaré le général Alongabony, qui a souligné "l'efficacité de la police" formée depuis peu de temps à l'usage d'armes non létales par des instructeurs étrangers. "Nous maintenons tout notre dispositif, pour prévenir une éventuelle reprise des manifestations", a-t-il ajouté. Dans les quartiers populaires de Kinshasa, où cette journée avait valeur de test pour l'UDPS, de nombreux habitants commentaient l'échec de Tshisekedi, le président de l'UDPS, à organiser une "vraie marche" dans la capitale, comme en province, où seule Tshikapa a vu la mobilisation de plusieurs centaines de militants.Outre l'échec de la marche, la mobilisation massive des Kinois pour le recensement électoral - que l'UDPS avait appelé à boycotter - apparaît pour plusieurs observateurs étrangers comme un signe d'essoufflement de l'opposition. "Tshisekedi lui-même n'est pas descendu dans la rue", ont regretté de nombreux Kinois, lassés de voir le peuple se "faire tuer pour des politiciens".
