Nomination En plaçant Didier Lombard à sa tête, France Télécom joue la continuité Le tandem constitué par l'inspirateur de la stratégie de Thierry Breton et Michel Combes, maître d'œuvre des finances du groupe, a pour but de rassurer les marchés.Le conseil d'administration de France Télécom, réuni dimanche 27 février, a nommé Didier Lombard président après avoir acté la démission de Thierry Breton, désormais ministre de l'économie et des finances. M. Lombard était jusqu'ici numéro deux de l'entreprise, où il occupait, depuis avril 2003, le poste de directeur "en charge des technologies, des partenariats stratégiques et des nouveaux usages". Michel Combes, actuel directeur financier, devient son bras droit, "en charge des opérations et des équilibres financiers".Pour rassurer les investisseurs comme les salariés, le conseil d'administration joue sur la continuité. Continuité des hommes : outre la promotion de ces deux proches de Thierry Breton, on insiste, chez France Télécom, sur la stabilité de l'équipe de direction en place, affirmant que les deux autres "Breton boys", Olivier Barberot, directeur des ressources humaines, et Marc Meyer, directeur de la communication, ne partent pas avec leur mentor.Continuité "dans la stratégie et son exécution", affirme-t-on chez l'opérateur. Le tandem Didier Lombard- Michel Combes est présenté comme prenant la suite de celui, constitué pendant sept ans, chez Thomson puis chez France Télécom, par Thierry Breton et Frank Dangeard avant que ce dernier ne prenne les rênes de Thomson. Du côté des investisseurs, le message semble être passé : lundi 28 février à 10 h 30, l'action ne perdait que 1 % en Bourse. Message reçu par les syndicats également, qui déplorent, chez SUD comme à la CGT, "la poursuite prévisible du plan drastique d'économies en cours depuis deux ans, aux dépens des salariés et du service aux usagers".En plus d'avoir le même diplôme - X-Télécoms - les deux hommes sont des intimes. Ils se sont connus justement chez France Télécom, où Didier Lombard a travaillé plus de vingt ans jusqu'en 1989 et que Michel Combes a quitté en 1999 pour faire un bref passage chez le voyagiste Nouvelles Frontières puis au sein de la société de services informatiques Asystem. En 2002, c'est même sur les conseils de M. Lombard que Thierry Breton fait revenir M. Combes, qu'il ne connaissait pas, au sein du groupe.Les deux amis sont également complémentaires. A 63 ans, M. Lombard est à la fois un fin connaisseur de l'industrie des télécommunications et des arcanes de la haute administration. Grand promoteur de l'innovation, il est crédité, en tant qu'éminence grise de M. Breton depuis deux ans chez France Télécom, d'avoir largement inspiré la vision stratégique de ce dernier, et notamment la politique d'intégration des filiales (Orange, Wanadoo, Equant) pour développer des synergies.A 42 ans, M. Combes, en tant que maître d'œuvre des finances du groupe, d'abord sous la houlette de M. Dangeard puis en première ligne, a acquis une certaine crédibilité auprès des marchés financiers. Son profil d'homme de chiffres rigoureux s'est affirmé alors que les prévisions de résultats données par France Télécom ont toujours été respectées.Il reste que, contrairement à MM. Breton et Dangeard, l'expérience du privé et de l'international des deux nouveaux dirigeants reste limitée. M. Lombard n'a jamais dirigé d'entreprise.C'est pourquoi, même si les statuts de France Télécom ne prévoient pas de limite d'âge pour le président, ce dernier est vu comme un patron de transition. Les noms de dirigeants d'entreprise qui pourraient lui succéder circulent déjà : Grégoire Olivier (Sagem), Denis Ranque (Thalès), Philippe Camus (Lagardère), voire Yannick d'Escatha (Centre national d'études spatiales).En attendant, MM. Lombard et Combes entendent rassurer. Dans un communiqué, le nouveau PDG assure qu'il va "poursuivre résolument la stratégie d'opérateur intégré" et il peaufine déjà son discours devant les analystes fin mai, pour le traditionnel "Investor Day". Il devrait annoncer la réalisation, avec six mois d'avance, de tous les objectifs fixés par le plan "Ambition 2005", lancé par M. Breton en décembre 2002, et passer un nouveau "contrat" avec les marchés financiers, avec un plan "Ambition 2008".Le principal défi, aujourd'hui que la rentabilité est rétablie, est de ranimer la croissance, alors que des Cassandre craignent que la cure d'austérité imposée par M. Breton n'ait des effets pénalisants à long terme. Après de vastes coupes depuis deux ans, les investissements repartent à la hausse en 2005, à 12 % du chiffre d'affaires, comme les dépenses de recherche et développement, à 1,5 % du chiffre d'affaires. Le groupe pourrait également, maintenant que son désendettement est rapide, se réintéresser aux acquisitions.
