Grève En grève, les fonctionnaires réclament la fin de la rigueur salariale Après les postiers, mardi, et les cheminots, mercredi, les enseignants et les agents des administrations, des hôpitaux et des collectivités territoriales devaient faire grève et manifester jeudi 20 janvier à l'appel des syndicats. Ils dénoncent les pertes de pouvoir d'achat et les réductions d'emplois. Obtenir un "rattrapage de pouvoir d'achat". Tel était l'un des principaux mots d'ordre des syndicats de fonctionnaires qui, jeudi 20 janvier, à l'exception de la CGC, appelaient leurs adhérents à faire grève. Après le mouvement des postiers, mardi, et des cheminots, mercredi, c'était au tour des enseignants, des agents des administrations, des hôpitaux et des collectivités territoriales de manifester leur mécontentement. Bernard Thibault (CGT), François Chérèque (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO), Jacques Voisin (CFTC) et Alain Olive (UNSA) devaient ouvrir le cortège parisien derrière une banderole de tête proclamant : "Augmenter les salaires pour un service public de qualité." Le mécontentement des fonctionnaires rejoint celui de tous les Français. Ces derniers sont 43 % à penser que l'année 2005 sera "plutôt moins bonne" pour leur pouvoir d'achat que 2004 et 39 % à estimer qu'elle ne sera "ni meilleure ni moins bonne", comme le souligne un sondage TNS-Sofres, réalisé pour le Groupe Casino et L'Hémicycle, publié le 19 janvier. Dans le seul secteur public, ce sont 49 % des salariés qui jugent que 2005 sera une "moins bonne" année que 2004 en matière de pouvoir d'achat et 40 % qu'elle ne sera "ni meilleure ni moins bonne", selon l'enquête TNS-Sofres. Celle-ci a été réalisée les 12 et 13 janvier auprès d'un échantillon de 1 000 personnes (interrogées en face- à-face) représentatif de la population âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas. Les fonctionnaires ont fait leurs calculs. S'appuyant sur l'évolution du point d'indice qui permet de calculer le traitement de base, ils pointent une perte de pouvoir d'achat de près de 5 % depuis 2000. L'augmentation de 1 % du point indiciaire pour 2005, promise par le ministre de la fonction publique, Renaud Dutreil, leur paraît donc insuffisante. L'évolution du seul point d'indice ne reflète toutefois qu'imparfaitement celle du pouvoir d'achat. Si l'on prend en compte l'ensemble des éléments constitutifs des rémunérations dans la fonction publique (point d'indice plus évolutions individuelles ou catégorielles, primes et ancienneté), la rémunération moyenne par agent a progressé de 3 % à 4 % par an depuis 2000. C'est ce calcul que fait le ministère de la fonction publique, pour qui le pouvoir d'achat moyen des agents s'est accru de plus de 2 % par an de 2000 à 2003 et devrait augmenter de 1,3 % en 2004. Comme toute moyenne, cette progression masque des inégalités. Selon l'Insee, une partie de la hausse du salaire moyen s'explique mécaniquement par la suppression d'emplois peu rémunérés, comme les emplois jeunes. VIEILLISSEMENT DES AGENTS outre, tous les agents de la fonction publique ne bénéficient pas d'une promotion. Le ministère estime à 15 % la proportion d'agents ne bénéficiant plus d'aucune progression salariale, en dehors des augmentations générales. Leur nombre est appelé à s'accroître vu le vieillissement des agents. Dernier point, le ministère retient dans ses calculs des chiffres d'inflation hors tabac. L'indice des prix ne reflète pas non plus la hausse de certains produits de consommation courant. Face aux fonctionnaires, le gouvernement fait valoir qu'augmenter d'un point l'indice de base coûterait 1,5 milliard d'euros. Hors de portée, assure-t-il, compte tenu de l'ampleur des déficits publics. Le ministère des finances avance également que, "sur une décennie, plus de la moitié de l'augmentation du budget général de l'Etat est imputable" aux dépenses de personnel pour la seule fonction publique de l'Etat.