Annonce En Géorgie, le pouvoir est déstabilisé par la mort du premier ministre Zourab Jvania, décédé le 3 février, aurait été intoxiqué par un appareil de chauffage à gaz. Il était chargé de dossiers économiques sensibles. Moscou de notre correspondante Agé de 41 ans, le premier ministre de Géorgie, Zourab Jvania, a été retrouvé mort, jeudi matin 3 février, dans un appartement de Tbilissi, la capitale. Le ministre géorgien de l'intérieur, Vano Merabichvili, qui s'est rendu sur place, a déclaré aux journalistes qu'il s'agissait d'un "accident lié à une fuite de gaz". Les gardes du corps de M. Jvania ont découvert le corps inanimé du premier ministre vers 5 heures du matin, dans le salon de l'appartement où il s'était rendu pour dîner. N'ayant pas réussi à le joindre sur son téléphone portable, ils avaient décidé de briser les fenêtres pour pénétrer dans le logement. L'hôte du premier ministre géorgien, le vice-gouverneur de la région de Kvemo Kartli, Raoul Youssoupov, a également été retrouvé mort. Le ministre géorgien de l'intérieur a attribué ce double décès à "un empoisonnement par gaz, lié au dysfonctionnement d'un appareil de chauffage de fabrication iranienne". L'agence de presse officielle russe Itar-Tass a aussitôt commenté que "de tels empoisonnements ne sont pas rares" à Tbilissi, ajoutant que "des dizaines de personnes sont décédées à cause de chauffages au gaz défectueux, ces derniers mois". Zourab Jvania, responsable politique influent aux convictions pro-occidentales, avait été l'un des meneurs de la "révolution de la rose" de novembre 2003 en Géorgie, qui avait poussé le président Edouard Chevardnadze à la démission. Il avait accédé, au lendemain de ce renversement de régime, aux postes de ministre d'Etat, puis de premier ministre. Zourab Jvania était, aux côtés du jeune président Micha Saakachvili, élu en janvier 2004, un pilier du nouveau pouvoir dans cette République caucasienne qui, depuis la "révolution orange" en Ukraine, se conçoit comme un "avant-poste démocratique" dans l'espace ex-soviétique et cherche à s'affranchir de la tutelle régionale russe. "La mort de Zourab Jvania aura de lourdes conséquences et risque de déstabiliser le pays, a commenté par téléphone, jeudi matin, une source proche de l'équipe dirigeante à Tbilissi. Toute la structure du pouvoir était axée sur ces deux personnes, Saakachvili et Jvania. Saakachvili avait notamment confié les dossiers économiques et financiers à Jvania. Un vaste programme de privatisations était en cours." Zourab Jvania était par ailleurs partisan d'un dialogue politique pour régler la question des séparatismes en Ossétie du Sud et en Abkhazie, qui enveniment de façon chronique les relations entre la Géorgie et la Russie. Moscou soutient en sous-main les dirigeants de ces régions séparatistes où la paix est difficilement maintenue, depuis des années, notamment par la présence de missions de l'ONU et de l'OSCE. "Depuis les événements en Ukraine, on a senti que Moscou durcissait son attitude, en réclamant notamment le départ des observateurs de l'OSCE à la frontière russo-géorgienne", nous dit cette source à Tbilissi. La mort de M. Jvania est intervenue deux jours après l'explosion d'une bombe dans la bourgade de Gori, non loin de l'Ossétie du Sud. L'attentat a fait trois morts, et relancé les craintes de nouveaux affrontements armés entre Georgiens et Ossètes. Ce contexte ne manquera pas d'alimenter les spéculations, à Tbilissi, sur la possibilité d'un assassinat politique.