Annonce En Azerbaïdjan, l'opposition appelle à l'annulation des législatives, le pouvoir annonce sa victoireLes Azerbaïdjanais ont voté dimanche pour renouveler leur Parlement dans une atmosphère tendue, l'opposition appelant immédiatement après la clôture du vote à l'annulation d'un scrutin "totalement falsifié" alors que le parti au pouvoir se disait sûr de sa victoire. La commission électorale centrale d'Azerbaïdjan a estimé dimanche que les résultats des élections législatives devraient être déclarés invalides dans 20 des 125 circonscriptions du pays, a déclaré une source parmi les observateurs occidentaux."ÉLECTIONS TRUQUÉES""Ce sont les élections les plus frauduleuses jamais tenues dans l'histoire de l'Azerbaïdjan", a déclaré Panakh Guseinov, président d'Azadliq, la principale coalition de l'opposition azerbaïdjanaise. Ali Keremli, leader du parti du Front populaire membre de cette coalition, a promis "une bataille constitutionnelle pacifique" pour faire annuler le scrutin. Le parti au pouvoir Yeni Azerbaïdjan (Nouvel Azerbaïdjan, YAP) a jugé que les membres de l'opposition reconnaissaient "leur propre défaite".Plus que la composition d'un Parlement sans pouvoirs réels, c'est la crédibilité du président Ilham Aliev qui était en jeu dans ce scrutin, ainsi que sa capacité à maintenir la stabilité tout en répondant aux espoirs de démocratisation de ce pays du Caucase riche en pétrole, une ancienne république soviétique où les compagnies étrangères ont investi des milliards de dollars.M. Aliev avait assuré que les élections seraient "transparentes et démocratiques".Une organisation non gouvernementale financée par l'Occident, et comptant plus de 2.000 observateurs azerbaïdjanais, l'EMC, a cependant dénoncé dès dimanche soir de nombreuses irrégularités : pressions des autorités locales et de la police dans près de 700 bureaux de vote, intimidation d'observateurs dans 78 bureaux, et dans 458 bureaux des "manèges", c'est à dire le passage d'électeurs transportés en car pour voter successivement dans plusieurs bureaux.MOINS DE 40 % DE VOTANTS UNE HEURE AVANT LA FERMETURE DES BUREAUX DE VOTE"Aucune irrégularité grave n'a été constatée", a assuré le porte-parole de la commission électorale centrale, Iqbal Babaïev. Environ une heure avant la clôture prononcée à 19 heures locales (16 heures, à Paris), 39,63 % des quelque 4,7 millions d'électeurs inscrits avaient voté.La campagne a été entachée de la répression violente de manifestations de l'opposition au cours desquelles des dizaines de personnes ont été blessées par la police, dont certaines grièvement. L'opposition a menacé de manifester dès mardi sur le modèle des actions menées par les opposants ukrainiens lors de la Révolution orange l'année dernière dans leur pays.Le président Aliev, dont le pouvoir est favori du scrutin, a affirmé au cours de la campagne que l'opposition avait préparé un coup d'Etat impliquant certains de ses propres ministres, dont deux ont été arrêtés. Il a prévenu qu'il ne tolérerait aucun trouble.Beaucoup craignent une répétition du scénario de la présidentielle de 2003 qui avait hissé M. Aliev au pouvoir en remplacement de son père mourant, Heydar Aliev : les résultats du vote, contestés, avaient déclenché des émeutes violemment réprimées.Plus de 1 200 observateurs internationaux étaient répartis dimanche à travers le pays.Les Etats-Unis, qui gagnent en influence dans les ex-républiques soviétiques du Caucase, sont particulièrement soucieux de la stabilité de ce pays d'importance stratégique, situé entre la Russie et l'Iran. De grandes compagnies pétrolières internationales ont investi des milliards de dollars pour la recherche et l'exploitation des ressources pétrolières en Azerbaïdjan et pour un oléoduc transportant l'or noir de la mer Caspienne vers l'Europe via la Turquie (un projet de 4 milliards de dollars inspiré par Washington).En dépit des richesses pétrolières, près de 40 % de la population azerbaïdjanaise vit, selon les chiffres officiels, sous le seuil de pauvreté. Les premiers résultats préliminaires sont attendus lundi soir et les résultats définitifs dans les 48 heures suivant la clôture du scrutin.
